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Page:Revue des Deux Mondes - 1920 - tome 58.djvu/592

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le 10e corps, Cette lettre demandait au général Desforges de faire connaître où en était l’attaque dirigée sur Wancourt par la rive Nord du Cojeul, car la division Barbot était toujours pressée et canonnée sur le front Chapelle de Feuchy-Neuville-Vitasse et ne sentait en aucune façon l’effet de l’attaque du 10e corps d’année. Le général de Maud’huy offrait enfin deux bataillons de sa réserve générale au général commandant le 10e corps d’armée, si ce renfort lui était nécessaire pour atteindre le soir Wancourt.

Le général de Maud’huy ajouta, en me remettant le papier :

— Tâchez de parler au général Desforges lui-même et exposez-lui ce que vous avez vu tout à l’heure à la Chapelle de Feuchy. Dites-lui bien que le général d’Urbal a engagé là ses dernières réserves ; qu’il n’a plus rien et qu’il est urgent, très urgent, que l’action du 10e corps se fasse énergiquement sentir.

Je sautai dans un auto et je filai sur la route de Bucquoy.

Quelle ne fut pas ma stupéfaction, après avoir dépassé le pont du chemin de fer, de voir, le long du remblai de la voie ferrée, un régiment d’infanterie qui se dirigeait non pas vers l’Est mais vers le Sud !

En arrivant à la petite maison du garde barrière (si j’ai bonne mémoire) qui servait de poste de commandement au général Desforges, j’eus la joie de trouver là sur le seuil un chef que j’aimais et que je respectais depuis longtemps entre tous : le colonel Paulinier. Dès qu’il eut connaissance de ma mission, il me dissuada de voir le général Desforges, et il ne consentit à m’introduire auprès de lui qu’après que je lui eus dit que le général de Maud’huy m’en avait prié.

J’entrai dans une petite salle sombre où le général Desforges était assis à une table de cuisine.

Dès qu’il me vit, il me dit :

— Voici le quatrième officier que je reçois depuis ce matin. Dites au général de Maud’huy que les ordres sont donnés et sont en cours d’exécution. Vous entendez bien ! Ils sont donnés. Ils sont exécutés. L’attaque va déboucher d’une seconde à l’autre. Tenez ! ouvrez la fenêtre ; écoutez ! écoutez !

Je pus lui rendre compte de ce qui s’était passé à la chapelle de Fouchy à midi et je repartis, reconduit avec bonté par le colonel Paulinier, qui jusqu’à mon auto me répéta :