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ajoutait Gauss, l’air atmosphérique pas plus que le vide ne conduit de tels courants. Il y a donc là une énigme. »

Ce que ne savait pas Gauss, et ce que les recherches ultérieures des physiciens ont révélé, c’est que, s’il est vrai que l’air à la pression atmosphérique est mauvais conducteur des courants électriques, il n’en est pas de même, dans certaines conditions, de l’air raréfié, C’est-à-dire de l’air des couches supérieures de notre atmosphère.

Mais tout d’abord, peut-il vraiment exister des courants galvaniques dans les hautes douches de notre atmosphère ? Pour qu’il y ait courant électrique, il ne suffit pas qu’il y ait conductibilité électrique (et nous verrons d’ailleurs tout à l’heure pourquoi une telle conductibilité existe dans la haute atmosphère). Il ne suffit pas, par exemple, d’un câble de cuivre, pour avoir un courant électrique ; il faut encore qu’il y ait entre les extrémités de ce câble une différence de « potentiel, » une « force électromotrice, » comme on dit, telle que celle qu’engendre la pile de Volta ou la dynamo.

Peut-il, ou plutôt doit-il exister dans la haute atmosphère des causes engendrant en permanence des forces électromotrices ? Oui, et ces causes résident précisément dans les mouvements de la haute atmosphère, dans les grands courants de circulation qui y règnent, courants engendrés tant par la rotation terrestre que par les inégalités de la température et dont les vents, en particulier les grands vents réguliers, alisés et contre-alisés, sont les reflets dans la basse atmosphère. Il y a en électricité, un fait bien connu et d’une importance capitale, — puisque c’est sur lui qu’est basée toute la théorie et la construction des dynamos, — c’est que quand un objet conducteur de l’électricité se déplace dans un champ magnétique, celui-ci y engendre des forces électromotrices, d’où naissent des courants électriques. Dans la dynamo, des spires de cuivre se déplacent, en tournant, dans le champ magnétique d’un électro-aimant, et ce déplacement y engendre des forces électromotrices et le courant électrique.

Pareillement les mouvements, les déplacements des hautes couches de l’atmosphère y engendre nécessairement des courants électriques, puisque ces mouvements déplacent l’air dans le champ magnétique du globe terrestre. Certes ce champ magnétique est faible, mais, d’autre part, c’est des milliers de kilomètres de longueur, et des dizaines ou des centaines de large que représente le conducteur électrique constitué par la haute atmosphère. Même si la force électromotrice produite est très faible, les courants électriques