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printanier, d’un printemps un peu frais quand, l’après-midi, la brume dense glisse, route de la mer sur la ville ; une atmosphère, à tout autre moment, imprégnée de soleil, d’azur et d’or : tel va être le théâtre de la Convention démocratique. Telles sont, en toute saison, la ville et la baie de San-Francisco.


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Ce qui, avant l’ouverture de la seconde Convention, frappe d’abord le spectateur impartial, c’est la grande ressemblance que présente ici la situation politique avec celle qui s’offrait à l’ouverture de la Convention de Chicago. Même nombre, même répartition, même position des unités et des groupes de combat ici et là. Chaque groupe est seulement scindé ici en deux fractions qui s’opposent.

Un turbulent petit groupe d’Irréconciliables, qui ont voté au Sénat et lors des débats du Traité avec leurs collègues républicains contre toute Ligue et tout traité, est conduit ici par les sénateurs Reed, délégué non encore reconnu du Missouri, et Walsh. Une seconde fraction d’extrémistes, qui veut aujourd’hui le traité à tout prix comme il a voulu durant la guerre la paix à tout prix, suit la direction enthousiaste du tribun populaire, l’ex-secrétaire d’état W.-J. Bryan.

Le gros des forces du parti est représenté par une majorité flottante qui, aujourd’hui, et a défaut ou à l’écart de M. Wilson, soutient le gouvernement, le traité intégral et M. Mac Adoo : demain, et lorsque le sobriquet « kronprinz, » décerné à temps par un républicain avisé au gendre de M. Wilson, aura mis le grand favori hors de combat, celto même majorité se reportera vers la fraction modérée, qui a toujours demandé la ratification du Traité avec réserves, et choisira son candidat parmi ses représentants.

Ici comme à Chicago, un groupe de politiciens, ennemis implacables du président, demeure dans la coulisse, observe les partis, les mouvements d’opinion, les coups portés, tient les cordes et les ficelles du jeu, attendant son heure pour brusquer le dénoûment Enfin, contre l’influence de ce groupe M. Wilson, qui, de la White House, par fils télégraphiques et téléphoniques spéciaux, suit attentivement tous les épisodes, toutes les péripéties de la Convention, et qui ne laisse rien au hasard, ne cède sur un