Page:Revue des Deux Mondes - 1920 - tome 59.djvu/248

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

en Belgique, c’est-à-dire le tiers de son effectif en officiers de ce grade.


24 octobre.

De bon matin, le bombardement reprend avec violence, venant de batteries placées vers Vladsloo, Eessen et Merckem. Des obus viennent aussi du Nord, ce qui indique que l’ennemi doit être en forces sur la rive gauche de l’Yser. Notre artillerie lourde entre également en action, et son observateur, qui est au haut de la minoterie du pont-route, me fait dire que les troupes belges qui prolongent notre gauche sur le fleuve se replient.

J’alerte aussitôt les quatre compagnies de marins qui sont en réserve à Oude-Barreel, sous le commandement du capitaine de frégate Jeanniot qui n’est d’ailleurs pas le commandant titulaire du bataillon de réserve. Les nécessités des relèves, qui se font par compagnies, combinées avec l’obligation d’assurer des commandements locaux imposés par la situation tactique et la topographie, ne m’ont pas permis de maintenir chaque commandant de bataillon avec son unité. Je prescris au commandant Jeanniot de se porter avec les quatre compagnies vers Oude-Stuyvekenskerke et la ferme Dentoren (1 kilomètre plus à l’Est), d’y attaquer les Allemands, et de limiter à tout prix leur progression vers le Sud. En même temps, je prends une demi-compagnie au soutien du secteur Nord, pour renforcer la gauche de notre front de l’Yser.

Je n’ai plus de réserves, et presque plus de troupes en soutien éventuel de la tête de pont de Dixmude qui me demande cependant du renfort en prévision d’une attaque frontale que l’intensité du bombardement fait présager. Mais je ne puis hésiter un instant. Le plus gros danger est au Nord, car si les Allemands poussent jusqu’au chemin-digue qui va d’Ootskerke à la borne 16 de l’Yser, nous ne pourrons plus tenir la berge Ouest du fleuve au Nord du pont-route, et la position de Dixmude sera tournée.

Vers 8 heures, du quai de la gare de Caeskerke où je fais les cent pas, tout en observant attentivement ce qui se passe, j’aperçois dans le Nord de longues files de troupes qui se replient vers l’Ouest. Il n’y a pas une minute à perdre, et, pendant que le colonel de Wleschouwer, ses deux adjoints et les officiers de mon état-major partent pour essayer d’enrayer le repli, je me