également briller au soleil ses toits neufs. A Lens et dans les mines voisines, où il ne reste plus pierre sur pierre, on en est encore aux installations de fortune en tôle ondulée, en planches, en ciment armé, et c’est à peine si, sur toute l’étendue de Lens, se dressent déjà trois maisons définitives. La question d’argent va jouer ici un très grand rôle. Une maison pour deux ménages, qui pouvait coûter 9 à 10 000 francs avant la guerre, revient aujourd’hui à 50 ou 60 000 francs.
Les solutions générales, dont nous venons de nous occuper sommairement, s’associent à d’innombrables solutions particulières qui occupent, en réalité, la plus grande partie de la vie active dans nos malheureuses mines depuis dix-huit mois et dont nous devons dire quelques mots sans abuser des détails techniques, mais en répondant cependant aux questions que tout le monde se pose : « Pourquoi ne peut-on aller plus vite pour réparer nos mines ? Pourquoi, puisque le manque de charbon paralyse la France entière, n’est-il pas possible, en y employant les hommes et l’argent nécessaires, de gagner six mois ou un an sur la remise en marche complète de l’extraction ?… »
J’ai déjà dit que l’on pouvait envisager trois degrés de dévastation : 1° les mines relativement peu atteintes ; 2° celles où il reste encore quelque chose debout ; 3° celles où la destruction a été absolue. Évidemment, la réfection s’opérera dans le même ordre, avec des difficultés de plus en plus grandes.
1° Commençons par le cas relativement simple d’Anzin, qui a pu travailler jusqu’en octobre 1918, où les dommages de guerre ont été restreints et où les destructions systématiques, effectuées plus à la hâte, ont été moins complètes. Quand on arrive à Anzin après avoir visité Lens, la première impression est que cette région n’a pas souffert et l’on s’étonnerait presque que la production n’eût pas encore entièrement repris. On y voit, par exemple, des cités ouvrières intactes, comme celle du « Pinson, » oasis du temps jadis. Mais la destruction systématique a été poussée beaucoup plus loin que ne le ferait croire ce premier aperçu et nous rencontrons ici les premiers cas de cuvelages crevés : la fosse Thiers à Anzin et trois fosses de l’Escarpelle. Même dans ce cas tout particulièrement favorable,