forme la France. » De telles conceptions, ajoutait-il, ne rencontreraient jamais dans le peuple bavarois que la plus vive hostilité.
Le conflit était ouvert depuis 1870, et les hommes les plus clairvoyants, même dans les rares instants des manifestations fraternelles, ne s’en dissimulaient pas la gravité. Deux solutions étaient possibles : ou bien l’Allemagne se fondrait dans la Prusse, ou bien celle-ci renoncerait à son hégémonie et se concentrerait dans ses provinces de l’Est, qui sont ses véritables bases. Les particularistes constataient avec tristesse que la première hypothèse était la plus vraisemblable, mais ils mesuraient le péril. « Notre unité apparente, écrivait à Triepel, est un édifice qui menace ruine, et les esprits les plus sérieux de notre génération s’arrêtent avec désespoir devant un chaos. Quelle sera la fin de tout cela ? Rien d’autre que le grand État prussien unitaire si redouté, d’où sortira en fin de compte la grande uniformité socialiste. Une seule chose pourrait nous sauver de ce destin : le retour au droit, un retour qui pourrait d’abord trouver son expression dans l’expiation de l’injustice commise en 1866 à l’égard de l’Allemagne, dans la restauration des États annexés contre toute équité, enfin dans une organisation vraiment fédéraliste des pays germaniques. » Il est trop évident que, selon l’idée de l’auteur, ces derniers résultats ne pouvaient être atteints qu’après une défaite militaire de la Prusse. Aurait-il eu l’audace de croire que des désastres subis sur des champs de bataille auraient pour conséquence, contre toute prévision, d’en consolider l’hégémonie ?
JULIEN ROVERE.