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Tout d’abord, M. Deslandres a rendu compte des observations speclroscopiques faites sous sa direction à l’observatoire de Meudon. Ces observations ont révélé que l’étoile présente le spectre habituel des Novæ. Ce spectre est très particulier : il est caractérisé au début par un fond continu assez faible, présentant la gamme habituelle des couleurs de l’arc-en-ciel et sur lequel apparaissent des raies brillantes peu nombreuses et très larges qui sont dues surtout à l’hydrogène, au calcium et à quelques autres métaux. Ces raies sont tout à fait analogues à celles qui caractérisent les couches basses de l’atmosphère du soleil. Mais, — et ceci est moins banal, — à ces raies brillantes sont juxtaposées, toujours du côté violet du spectre, des raies obscures très larges.

Or, la longueur d’onde d’une raie spectrale, c’est-à-dire sa position par rapport aux extrémités violette et rouge du spectre, dépend, on le sait, de la vitesse de la source lumineuse. C’est le principe de Doppler-Fizeau si fécond en astronomie physique. Rappelons en deux mots de quoi il s’agit. Si on est sur le quai d’une gare et qu’un rapide arrivant à toute vitesse traverse cette gare sans que sa locomotive cesse de siffler, on remarquera ceci : le son du sifflet de la locomotive qui était relativement aigu tant que celle-ci approchait, change brusquement de tonalité et devient beaucoup plus grave dès qu’elle nous a dépassé et s’éloigne de nous. La cause en est simple : la hauteur d’un son dépend de la longueur des ondes sonores, les ondes émises par une contrebasse sont beaucoup plus longues que celles d’un violon ; celles d’un cornet à piston, que celles d’un trombone. Un sifflet de locomotive émet des ondes sonores d’une longueur donnée ; mais s’il arrive que la locomotive se rapproche de nous très vite, en même temps que les ondes sonores qu’elle nous envoie, la longueur de ces ondes sera diminuée d’autant, puisque la vitesse de la locomotive les poursuit en quelque sorte, les comprime, les presse vers nous. Si au contraire la locomotive s’éloigne de nous, les ondes sonores qui nous viennent de son sifflet seront un peu plus étalées, car la vitesse de la locomotive s’éloigne d’elles et tend à les dilater, à les allonger.

Eh bien ! ce qui a lieu pour les ondes sonores a lieu aussi pour les ondes lumineuses. C’est ainsi que les raies qui, dans le spectre lumineux, caractérisent un corps donné, l’hydrogène par exemple, sont un peu déplacées vers le violet (ondes lumineuses plus courtes) ou vers le rouge (ondes plus longues) selon que la source de lumière se rapproche ou s’éloigne de nous. Grâce à cela, le spectroscope permet