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belges sont franco-belges ; la culture belge est franco-belge : tout commande et tout facilite l’amitié des deux pays. Aussi m’associé-je, quant à moi, de grand cœur, au vœu qu’inspire à M. Dumont-Wilden la signature de la convention militaire. Je souhaite, comme lui et, je n’en doute pas, comme les gouvernements belge et français, qu’un jour vienne prochainement où, en dépit des divergences d’écoles et d’intérêts particuliers qui divisent encore la France protectionniste et la Belgique libre-échangiste, des accords économiques compléteront l’entente actuelle et achèveront de garantir, dans la paix, la féconde collaboration des deux peuples voisins.

La loyale altitude que M. Millerand a eue envers la Pologne, à une heure où l’Europe semblait abandonner une nation qu’on pouvait croire vaincue, aura certainement eu pour résultat de conserver à la France, de l’autre côté de l’Allemagne, des sympathies qui nous sont précieuses. Les ovations dont le général Weygand a été l’objet, tant à Varsovie qu’à Paris, ont prouvé que, dans les deux capitales, l’instinct populaire était en harmonie parfaite avec la raison politique. S’il est vrai, comme on le dit, que c’est sous l’influence de lord Curzon, de M. Balfour et de M. Bonar Law, qu’après avoir incliné à adopter l’opinion de M. Millerand, M. Lloyd George a fait, auprès du gouvernement polonais, la fâcheuse démarche du 11 août dernier, il doit bien regretter aujourd’hui de n’avoir pas suivi son premier mouvement, auquel, du reste, il est revenu après sa conversation avec M. Giolitti et après les premiers succès polonais. La France, elle, n’a pas eu de ces hésitai ions. Elle n’a pas subtilisé sur ses devoirs. Elle s’est dit, tout simplement, que, s’il lui était impossible d’offrir à la Pologne un concours militaire, elle ne devait pas, du moins, lui marchander l’assistance qu’elle était capable de lui donner ; elle lui a envoyé des chefs de premier ordre et des conseillers éminents ; elle lui a expédié du matériel et des munitions ; elle lui a montré que nous n’étions pas de ceux dont l’amitié s’échauffe au soleil des victoires et se gèle à l’ombre des défaites. Elle s’emploiera maintenant à favoriser de son mieux, en Pologne, le retour de la paix et de la prospérité. C’est au cabinet de Varsovie à conduire les pourparlers de Riga et le prince Sapieha a pris soin d’annoncer que le gouvernement du maréchal Pilsudski les poursuivrait dans un grand esprit de conciliation. Si, par impossible, il en était autrement, et si la France était obligée de donner à ses amis des conseils de modération, elle serait d’autant plus aisément écoutée qu’il n’est pas aujourd’hui un seul Polonais pour mettre en doute son désintéressement et sa