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posnaniens nous ont donné l’exemple, et qui, dans l’ancien royaume et en Galicie, n’est encore que peu développée. Cependant nous avons commencé, nous aussi, à grouper les ouvriers en « syndicats chrétiens, » qui sont quatre fois plus nombreux que les syndicats socialistes, mais n’entrent point en lutte avec eux. C’est sur les ouvriers des villes que s’est d’abord porté notre effort ; dans les campagnes, l’œuvre est à peine ébauchée.

« Vous ne sauriez croire à quel point le patriotisme inspire la conduite de nos ouvriers et commande leurs décisions. Ils savent que le Gouvernement est avec eux, que le pouvoir ne sera jamais exercé dans une direction contraire à leurs intérêts : cette garantie suffit à les maintenir dans l’ordre et dans le devoir. Ils savent aussi que l’intelligence polonaise est, pour une très grande part, imbue de l’esprit moderne, désireuse de progrès et favorable aux réformes. Laissons de côté certains conservateurs, en particulier les conservateurs galiciens, qui se renferment dans une résistance passive et stérile, se refusent à reconnaître les changements survenus et se mettent ainsi simplement hors du jeu. Vous avez lu, n’est-ce pas, le livre de M. Dmowski : La décadence de l’idée conservatrice en Pologne. On ne saurait mieux définir un mal d’autant plus funeste que le pays, pour s’organiser, n’aurait pas trop de toutes ses forces unies.

Ah ! on n’est pas tendre ici pour les Galiciens ! Comme, après avoir quitté l’abbé Lutoswaski, je m’entretenais avec le docteur Seyda de la question agraire : « La question sera résolue, me déclara l’ancien ministre, non dans un sens révolutionnaire, mais dans un sens démocratique. Ne jugez pas de toute la Pologne par ce que vous avez vu en Galicie, où l’esprit de quelques conservateurs est un peu arriéré. Vous vous ferez une meilleure opinion à Poznan : je vous y donne rendez-vous. »


L’UNIFICATION ET SES DIFFICULTES

Il ne faut pas vivre longtemps en Pologne pour apercevoir la difficulté qu’éprouve à réaliser son unification complète un pays dont la population et le territoire furent divisés entre trois États pendant cent cinquante ans. Et, pour s’étonner de ce que l’unification n’est pas encore parfaite, il faudrait ne pas connaître l’histoire des trois États qui, après s’être partagé la