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Page:Revue des Deux Mondes - 1920 - tome 59.djvu/530

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dirigée par le colonel Claudon, du 151e de ligne, sera déclenchée à 10 heures, et menée par quatre bataillons, deux du 151e, le 8e bataillon de chasseurs, et un bataillon de marins, à la fois en direction du château de Woumen et de la route d’Eessen. Je désigne le 1er bataillon du 2e régiment, commandant de Jonquières, qui est en réserve à Oude-Barreel.

Cependant, l’attaque d’infanterie ne se produit qu’à 11 heures 30, perdant ainsi le bénéfice de la préparation d’artillerie. Le 8e bataillon de chasseurs ne parvient pas à déboucher de nos lignes par la route de Woumen, et les deux-bataillons du 151e ne peuvent avancer en direction d’Eessen. Le général Grossetti établit son P. C. sur la route d’Oude-Barreel à Oude-Cappelle, bien que je lui affirme qu’il y est très mal placé, sans aucune vue sur les attaques, et sans aucune liaison directe avec elles. A 14 heures, les attaques n’ont encore fait aucun progrès, et le général envoie trois pièces de 75 dans Dixmude même, pour les aider. Je lui suggère d’aller à Dixmude, lui aussi, et je l’y accompagne, mais, à peine entré dans la ville, le général est pris d’une colère violente en apercevant des soldats de sa division qui sortent d’une boutique en ruines, avec divers objets dans les mains. Il met le revolver au poing, en annonçant d’une voix tonitruante qu’il va faire bonne justice, lui-même, de ces pillards. Je parviens cependant à le calmer en lui affirmant que je vois des choses de ce genre tous les jours, et qu’il n’est pas prudent de regarder de trop près ce qui se passe au front, si l’on n’est pas cuirassé d’avance contre des irrégularités qui n’ont pas une importance considérable, au fond.

Nous atteignons ensuite le P. C. du colonel Claudon qui expose sa situation. L’artillerie allemande est muette, mais il vient des balles de partout, et les colonnes d’attaque sont clouées au sol par de nombreuses mitrailleuses qui entrent en action surtout homme qui bouge, et dès qu’il bouge. En fin de journée, les bataillons du 151e ont gagné environ 200 mètres en avant de nos lignes, et creusent sur place de nouvelles tranchées. Avec l’intervention des marins, le 8e bataillon de chasseurs a gagné à peu près autant de terrain vers le Sud, mais non sans casse. Nous en restons la pour la nuit, et, d’ailleurs, le général me passe son tablier, car il reçoit, du 32e corps, l’ordre de porter sa division en réserva d’armée dans la région