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doit aussi, et tout d’abord, prendre ses éléments pour les tirs de barrage, tâche déjà peu facile en raison de la précarité de nos communications avec le front.

Dans la matinée, je reçois, à Oude-Cappelle, la visite du vice-amiral Favereau, qui commande nos forces navales dans la Manche, et celle du prince Alexandre de Teck, de la mission militaire britannique près de l’armée belge.

La canonnade est toujours violente dans le Sud, où la bataille continue avec une grande âpreté.


10 novembre.

Le bombardement général devient violent dès le matin, particulièrement sur les tranchées Est et Sud de la ville, notamment sur le cimetière et ses abords. L’Yser Sud et la route de Caeskerke sont aussi balayés fréquemment. J’essaie de me rendre dans les parages du cimetière, où la situation me préoccupe ; mais je suis obligé d’y renoncer, tant le bombardement est dense. Je reviens donc au P. C. de la rive gauche où je m’entretiens avec le commandant Varney de notre situation générale pour laquelle la faiblesse de notre artillerie et de son ravitaillement me donne des inquiétudes. Les communications avec les tranchées des avant-postes sont difficiles, pour ne pas dire impossibles, car elles ne peuvent plus se faire que par agents de liaison, qui ont la plus grande peine à remplir leurs missions. Cependant, à 11 h. 45, je repars pour Oude-Cappelle ; persuadé qu’il ne s’agit encore que d’un bombardement, plus violent, il est vrai, que ceux que nous subissons journellement.

Mais, vers midi et demi, un coup de téléphone du P. C. de la rive gauche m’informe que les Allemands exécutent une forte attaque d’infanterie, et que l’on croit qu’ils atteignent la ville. Je repars aussitôt, en auto, pour Caeskerke, et, à peu de distance d’Oude-Cappelle, je croise une voiture dans laquelle se trouve le commandant Varney, qui me fait un signe indiquant qu’il est blessé. Je n’ai pas le temps de m’arrêter pour lui demander des renseignements, et je continue sur Caeskerke où j’arrive après bien des difficultés, ayant été obligé de faire stopper l’auto plusieurs fois pour éviter les rafales d’obus qui s’abattent sur la route. À la gare de Caeskerke, qui est battue, elle aussi, je suis obligé d’abandonner ma voiture, et je tombe, en débarquant, sur un groupe de marins au milieu duquel un obus