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ennemis eux-mêmes, et j’ouvre ici une parenthèse pour citer la fin d’un document allemand intitulé : Comment nous avons pris Dixmude, et qui a paru longtemps après :

Dixmude était à nous. Il est juste de dire qu’on continua de se battre dans les rues quelque temps encore, mais cette lutte ne réussit pas à nous enlever Dixmude. Si nous avions préparé jusqu’ici un enfer dans les rues de Dixmude à ces chers ennemis, l’enfer était pour nous maintenant. A peine les batteries ennemies eurent-elles acquis la certitude que Dixmude était indiscutablement à nous, qu’elles ouvrirent sur nous un feu violent. Tous leurs canons, tous les obusiers furent dirigés contre la ville, et nous causèrent de terribles pertes.

C’est bien sur quoi je comptais, et je reviens à mon récit.

A partir de 18 heures, les renforts arrivent, sous la forme de 14 compagnies belges de la 6e D. A. que je place en réserve à Ootskerke et Caeskerke, de deux groupes de 75 français amenés par le commandant Bossu avec un ravitaillement de 3 000 coups, et de deux groupes de 4 obusiers de 120 (Ducarne et Quinton) que je place, l’un au Nord-Est d’Ootskerke, l’autre à l’Ouest de la ferme Bien-Acquis.

Je fais entreprendre la réorganisation immédiate des bataillons Mauros et Rabot qui ont beaucoup souffert, et la fusion de deux bataillons sénégalais en un seul.

Les rapports que je reçois dans la soirée ou le lendemain permettent d’établir comme il suit ce qui s’est passé :

Les bombardements de la journée du 9 et de la matinée du 10 novembre ont grandement compromis nos tranchées Est et Sud de la ville. Les fils de fer hâtivement posés sont détruits ; certaines tranchées n’ont d’ailleurs pas pu en installer. Dans chacune d’elles, à la fin de la matinée du 10, il y a de nombreux tués et blessés qu’il est impossible d’évacuer. Peu de temps après midi, nos tranchées, démolies ou neutralisées, reçoivent l’assaut de 3 colonnes allemandes, l’une par la route d’Eessen, l’autre par la route de Woumen, la 3e par la bissectrice de l’angle que forment les deux routes. Une tranchée sénégalaise ou belge est forcée, du premier coup, aux environs de la route d’Eessen.

Par cette brèche, les Allemands pénètrent rapidement dans la position, en tournant les tranchées voisines dont les occupants sont tués, blessés, capturés ou obligés de se replier. Toute la partie Est du front étant ainsi crevée, l’ennemi pénètre dans la