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On peut classer comme suit les mesures à prendre à distance, et sans immobiliser pour en assumer l’exécution nos forces militaires et navales : les mesures militaires, blocus étroit des ports, débarquement, ne sont pas nécessaires ; il suffirait de faire sentir que nous serons prêts à les prendre ; traiter le gouvernement en quantité négligeable, ne lui fournir aucune explication et attendre ; se refuser à toutes les compromissions qu’on tenterait pour arriver à une demi-solution qui permettrait de nous tromper encore. Quand la situation serait sans issue et que notre volonté serait bien établie de nous débarrasser des éléments hostiles, il serait temps de poser nos conditions. Elles devraient être nettes, précises et n’admettre aucun tempérament ; laisser entendre que les mesures de rigueur continueront tant que nous n’aurons pas reçu satisfaction. Ces conditions devraient être : la déposition du gouvernement, la dissolution de la Chambre et convocation immédiate des électeurs, ou, ce qui vaudrait mieux, convocation de la Chambre illégalement dissoute, démission de l’État-major, renvoi de certains fonctionnaires, leur remplacement par des hommes qui aient notre agrément, à commencer par les chefs de la police ; enfin, contrôle de cette police et expulsion de certains agents ennemis. Si la question prend une allure dynastique, témoigner la plus parfaite indifférence et rappeler au besoin la formule : se soumettre ou se démettre. Et il est certain qu’on se soumettra.


III

Le 7 juin, les ministres alliés délibéraient sur les mesures à prendre, afin de mettre un terme aux intrigues helléniques. Les trois représentants des Puissances garantes étaient déjà d’accord, mais ils devaient consulter leurs gouvernements. Aucune opposition sérieuse n’était à prévoir de la part de l’Italie qui n’aurait pu d’ailleurs entraver dans cette circonstance l’action commune des trois Puissances garantes. M. Vénizélos, consulté officieusement, admettait l’emploi éventuel de la force, mais il insistait pour qu’on évitât d’attaquer la personne royale et que seul fut mis en cause le cabinet Skouloudis. Il déclarait en outre qu’une fois l’opération commencée, il fallait aller jusqu’au boulet que si dès maintenant on n’y était pas décidé, mieux valait ne rien entreprendre.

A Paris, les décisions du Président du Conseil, M. Briand, étaient prises et contrastaient heureusement avec ses hésitations-antérieures. Il avait, approuvé les propositions de notre représentant à Athènes. De son côté, le prince Demidoff demandait