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Page:Revue des Deux Mondes - 1920 - tome 60.djvu/555

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POÉSIES



A la gloire du soldat français de tous les temps, M. Jean Richepin, — poète qui se souvient d’avoir été enfant de troupe, — a composé trente-trois poèmes qu’il dédie « à ceux qui aiment l’héroïsme et la France comme il faut les aimer, à la bonne franquette, le cœur sur la main et à plein cœur. » Allons, enfants de la patrie !… Paraîtra à la librairie Marne en un album curieusement illustré par Job d’images en couleurs naïvement épiques. Nous en détachons quelques pièces où l’on goûtera une belle saveur d’art populaire.


VALMY


Valmy, c’est la victoire entre toutes fleurie,
Où la guerre féroce abdiqua ses rigueurs,
Où le droit prit sa force au seul élan des cœurs,
Où la gloire n’eut pas pour autel la tuerie.

Goethe, qui sentait là s’effondrer sa patrie,
N’en conçut contre nous ni honte ni rancœurs.
Ce vaincu stupéfait admira ces vainqueurs,
Tels des Grecs d’autrefois chassant la Barbarie.

Dans leur triomphe il vit poindre un monde nouveau
Dont l’horizon futur emplissait son cerveau
De rêves aux splendeurs magnifiques et nettes ;

Et c’est ce monde encor que de toi l’on attend,
Victoire des chapeaux au bout des baïonnettes,
Victoire si française et gagnée en chantant !