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Page:Revue des Deux Mondes - 1920 - tome 60.djvu/564

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Cox a plus de chaleur, plus d’action sur la foule. M. Harding, plus froid, agit moins sur elle. On aime ou on déteste Cox ; les sentiments qu’inspire Harding sont plus éloignés de ces extrêmes. M. Cox, homme d’affaires accompli, plaît aux commerçants, aux citadins, aux gens qui connaissent la valeur du temps, aiment les formules brèves et les décisions rapides. M. Harding est un homme calme, courtois, pondéré. On dit ici que Cox est une dynamo en marche et Harding un roc inébranlable : c’est pourquoi ce dernier a pour lui les ruraux, les agriculteurs, les gens paisibles des petites villes.

Tels sont les deux adversaires en présence. Une occasion, que je saisis au vol, me permet de monter dans le train spécial du gouverneur Cox et de suivre dans ses moindres détails cette tournée présidentielle.


Louisville (Kentucky), 8 octobre.

Le train spécial du candidat démocratique se compose de quatre wagons : un wagon-salon pour le gouverneur Cox, deux wagons-lits pour la presse, et un wagon-restaurant. La plateforme arrière du dernier wagon est pavoisée. C’est de cette tribune que M. Cox harangue les foules. A noter qu’il prépare lui-même ses discours. Sous pression du matin au soir, et prenant à peine, entre deux harangues, le temps de manger, il fait songer à ces auteurs-acteurs-directeurs qui mettent eux-mêmes en scène et jouent leurs propres pièces.

L’organisation pratique de la tournée est parfaite. Le chef de la publicité à bord du train reçoit la veille le texte sténographié des discours que M. Cox prononcera le lendemain. Au moyen d’un duplicateur, des centaines d’exemplaires sont tirés en cours de route et mis sous enveloppe à l’adresse de quatre cents petits journaux disséminés dans les États-Unis. Car les agences et les grands journaux ont un correspondant spécial dans le train qui, lui, il toutes les stations importantes, remet ses télégrammes aux employés de la Compagnie télégraphique Western Union, laquelle transmet nuit et jour, par fil spécial et sans délai, à New-York, à Washington, à Chicago ou à San Francisco, les discours de M. Cox un quart d’heure après qu’il les a prononcés.

A bord sont les principaux collaborateurs de M. Cox : M. Charles Morris, son secrétaire, et M. Goldsmidt, « expert