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en russe ou en allemand, la haute culture nationale trouvait un refuge dans ces académies, dans ces sociétés des Amis des Sciences, qui malgré d’énormes difficultés et au prix de grands sacrifices, poursuivaient leurs travaux, leurs publications, leur œuvre scientifique et patriotique. A Poznan, la Société polonaise des amis des sciences fait paraître, pendant la domination prussienne, 56 volumes d’annales ; à Torun (Thorn) la Société scientifique, fondée en 1876, assure deux publications périodiques, les Annales et les Notices, et commence à recueillir les sources de l’histoire locale (Fontes). A Lwow, la Société pour l’avancement des sciences et l’Union littéraire scientifique publient des études et des mémoires. A Plock, à Pabianice, à Przemysl, on trouve des organisations analogues, avec leurs bibliothèques et leurs bulletins régulièrement édités.

Mais le centre de tout ce mouvement était, est encore à Cracovie ; c’est la Société des Amis des Sciences devenue, depuis 1873, l’Académie des Sciences, et actuellement présidée par un latiniste éminent, le professeur Casimir Morawski. L’Académie de Cracovie est divisée en trois sections : histoire et philosophie, philologie, sciences mathématiques, physiques et naturelles. A la veille de la guerre, elle avait publié trois cents volumes de mémoires et de comptes rendus, et près de deux cents recueils de documents d’archives et de monographies scientifiques. L’Académie entretenait des missions d’études à Paris, à Rome et à Constantinople. J’imagine que celle de Paris est déjà rétablie. Celle de Rome fut rattachée jusqu’en 1915 à l’Institut historique autrichien, et n’affirmait guère sa relative autonomie que par le caractère de ses travaux, ordinairement consacrés à l’histoire des rapports entre la Pologne et le Saint-Siège. La mission d’études polonaises à Rome sera prochainement rétablie, cette fois dans sa pleine indépendance. Pour commencer, des conditions financières temporairement difficiles ne permettront à l’Académie ni d’envoyer des étudiants nombreux, ni de les installer grandement ; mais si, dans les premières années, les jeunes historiens polonais se sentent un peu dépourvus, je sais à Rome une bibliothèque et une Ecole où les instruments de travail, le cordial accueil des élèves et les conseils d’un savant illustre ne leur feront jamais défaut.

J’ai demandé au président de l’Académie des sciences quelques indications touchant le mouvement intellectuel, la