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Page:Revue des Deux Mondes - 1921 - tome 6.djvu/115

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pouvait demander le Cabinet de Washington, si bien que de l’incident sortit une démonstration par le fait de la volonté conciliante et pacifique du Gouvernement japonais.

Les entreprises sibériennes, — on commence à s’en convaincre au Japon, — sont sans profit, mais non sans péril pour l’Empire du Mikado ; il n’y a recueilli que des déboires ; les troupes qu’il a envoyées dans ces expéditions impopulaires sont revenues contaminées par le bolchévisme ; le nationalisme russe a été blessé par les ambitions et les intrigues de l’allié d’hier ; les susceptibilités américaines, déjà éveillées à propos de la Chine, se sont accrues à propos de la Sibérie. La vie intérieure du Japon en a été troublée et la violence des partis s’est emparée d’incidents douloureux comme le massacre de Nicolaïevsk pour dénoncer la politique nationaliste et militariste de la vieille aristocratie et des généraux.

Comme en Chine et en Sibérie, les intérêts du Japon et des États-Unis, — et surtout peut-être l’amour-propre national des deux peuples, — se heurtent sur tous les rivages que baignent le Pacifique et les mers qui en dépendent. Aux îles Philippines, les sympathies de la population indigène vont vers les Japonais. Ils ont pris la place des maisons allemandes liquidées en 1916 et leurs importations viennent au second rang, aussitôt après celles des États-Unis, avant celles de la Cochinchine qui importait 140 000 tonnes de riz en 1917. La Chambre des Philippines, « pour exprimer aux sujets de l’Empire voisin notre désir d’intensifier les bonnes relations entre eux et nous, » a réformé la loi d’après laquelle une compagnie, pour être admise à acheter ou louer un domaine de l’État, devait avoir 61 pour 100 de ses actions appartenant à des Philippins ou à des Américains ; la colonisation japonaise se développe librement dans l’archipel, auquel les démocrates et beaucoup de républicains des États-Unis sont à peu près d’accord pour accorder l’autonomie politique qu’il souhaite. L’enquête récente du général Léonard Wood et de M. Cameron Forbes conclut qu’en tout cas, les Philippines, même autonomes, devront demeurer dans le système économique et politique des États-Unis, car les Philippines indépendantes ne seraient-elles pas, à bref délai, en fait d’abord, plus tard en droit, japonaises ?

Les archipels allemands annexés par le Japon en vertu du traité de Versailles, les îles Marshall, les Carolines, les