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Nulle part leurs délégués ou envoyés officieux, en attendant la création de Légations proprement dites, ne sont accueillis avec plus d’empressement qu’à Rome. D’ailleurs, représentants de pays dans lesquels le catholicisme a plus ou moins de reprises à exercer sur d’anciennes conquêtes du protestantisme et du schisme gréco-slave, il faut bien convenir qu’avec eux quelques questions religieuses sont à mettre sur le tapis. Dans le courant des mois de juin et juillet 1919, M. Virgo (Esthonie), M. de Christiensen, remplacé depuis par M. Gummerus (Finlande), le comte Tyskiévilch (Ukraine) apportent des lettres de présentation à la Secrétairerie d’État. Un an plus tard, c’est le tour de M. Rantsan (Lettonie). Entre temps, le Saint-Siège rétablit le siège épiscopal de Riga et institue un nouveau vicariat apostolique en Finlande.

Les nonciatures récentes de Belgrade et de Bucarest répondent à des besoins bien déterminés, et d’ailleurs réciproques, de conversations d’affaires entre le Saint-Siège et des gouvernements mis par des annexions en face de situations confessionnelles neuves. Probablement des besoins analogues donneront lieu, entre le Vatican et la Grèce, à l’organisation de rapports diplomatiques auxquels le gouvernement de M. Vénizélos avait déjà pensé, et la Bulgarie marchera sur les traces de ses voisins et compétiteurs, ne fût-ce que pour ne pas les laisser profiter de son absence à la Cour romaine. Mais enfin, la part réservée aux intérêts du moment, et toutes affaires courantes traitées, on sent que l’action soutenue de représentants du Saint-Siège dans les capitales balkaniques peut servir des desseins de beaucoup plus longue haleine. Leur seule présence y marque déjà un très sensible progrès de l’influence qui émane du centre de la catholicité. Il est à peine utile de souligner que ce progrès encore est une conséquence de la guerre, car la Russie et l’Autriche d’autrefois, jalouses chacune de son protectorat religieux dans les Balkans, eussent également pris ombrage de ce que des nonciatures auraient eu pour effet naturel d’en diminuer le prestige.

De ses nonces Rome peut attendre, au bas mot, une influence conciliatrice sur les rapports entre membres du clergé des deux Rites, et par conséquent sur les dispositions personnelles de ceux qui tiennent, en somme, les clefs de la position doctrinale. Ils sont appelés à mettre, — non pas en forme