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polonaise avec notre politique russe, et ce que sera cette dernière. Du temps des Tsars et de l’Alliance, nos rapports confessionnels avec les Russes étaient d’une extrême simplicité : ils ne s’occupaient pas plus de notre religion que nous de la leur. On a vu par ce qui précède que cette formule est peut-être aujourd’hui trop rudimentaire, et qu’en tout cas, certaines initiatives d’autrui nous donnent sujet de réfléchir à la façon de la rendre plus affinée.

Affaire de tact, questions d’heure et d’espèce. Perspectives, assurément, de nombreux et utiles échanges de vues avec, le Vatican, de rencontres occasionnelles d’intérêt, et par conséquent de collaboration, à la fois assez circonscrite et assez loyale pour qu’une partie ne se laisse pas entraîner par l’autre au-delà de ce que le bien de sa propre politique exige. Le point est de ne pas prendre à la lettre les prémisses posées dans certains articles ou interviews de la presse quotidienne et d’après lesquelles nous pourrions nous attendre à une coopération de principe du Saint-Siège pour les affaires d’Europe centrale et d’Orient. La peinture à fresque est d’un bien meilleur effet sur la voûte de la Chapelle Sixtine que sur le plan descriptif des avantages, d’ailleurs certains, que nous avons trouvés à « renouer » avec le Vatican. Caso per caso, voilà la devise. Nous serions surpris qu’elle parût trop modeste à la fine pondération du prélat qui vient de prendre possession de la nonciature de Paris et qui s’est assuré, dans la personne de Mgr Evreimoff, la collaboration d’un connaisseur, par le menu, de ces questions orientales.

La seule chose sûre, c’est que, si la Papauté se trouve jamais dans le cas de mettre l’accent sur sa politique de réconciliation avec l’Orient, sans être ni sollicitée, ni gênée, par des influences extérieures, en une de ces heures de trêve, — après lesquelles tant de Pontifes ont dû soupirer en secret, — où elle peut se donner tout entière à la spiritualité de sa fonction, elle trouvera ses auxiliaires les mieux préparés, les plus désintéressés, parmi les religieux français. On ne sait pas assez que nos compatriotes engagés dans les Ordres sont à la tête de près de la moitié des 180 Vicariats apostoliques disséminés à travers le monde, et qu’ils prennent ainsi part, dans une proportion qui défie toute rivalité, au gouvernement particulier de la Propagande.

Il est aussi de fait que, jusqu’à présent, les Séminaires orientaux voués à la formation de jeunes prêtres pour les Rites unis sont à peu près exclusivement des Œuvres françaises. Tel