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porteraient à croire les idées que l’on se fait au dehors de l’état de l’opinion de la Syrie et des intérêts de ce pays. Elle parut à Damas tomber dans l’indifférence, alors que d’autres passages du discours soulevaient un intérêt manifeste. Et cependant certains milieux damasquins semblent avoir conservé du régime chérifien le regret de ne plus voir leur ville capitale d’un État englobant toute la Syrie et auraient paru devoir trouver dans ce sentiment plus de goût pour l’unité que n’en ont les notables des autres villes. A Alep, où l’on n’a pas les mêmes souvenirs, l’annonce de la Fédération fut accueillie par les notables avec une méfiance et même une répugnance visibles. Elle ne provoqua guère que la crainte de voir le Nord exploité par le Sud, comme il se plaint de l’avoir été pendant l’aventure chérifienne.

Le Haut-Commissaire n’avait cependant qu’à s’en tenir à la déclaration qu’il avait faite. Il appartient à la Puissance mandataire de devancer au besoin, sur les points essentiels, un sentiment national syrien encore à créer. On tint seulement compte de l’indication qu’avait donnée l’accueil fait à l’annonce de la Fédération en commençant à donner à celle-ci, par le texte organique qui la crée, une compétence et des rouages réduits au strict minimum. La règle reste la compétence des États et l’exception est celle de la Fédération. C’est à la fonction qu’il appartiendra de développer l’organe fédéral selon ce que conseilleront l’expérience et l’opinion publique qui pourra se manifester en Syrie.

Aux termes du texte « portant organisation provisoire de la Fédération des États de Syrie, » laquelle doit comprendre Damas, Alep et les Alaouites, la Fédération n’aura, sauf en ce qui concerne la législation qui doit manifestement être arrêtée en commun, que ce que les États voudront lui déléguer de leur souveraineté. Le budget fédéral commencera par n’avoir pas de recettes propres, mais se composera des prélèvements consentis à son profit par chacun des États fédérés sur la part qui reviendrait à ces États dans le produit des recettes douanières. Celles-ci seront versées à une caisse que gère le Haut-Commissariat, mais réservées aux États entre lesquels elles doivent être partagées au prorata de la population.

Deux directeurs fédéraux seront, au début, placés à côté du Haut-Commissaire; l’un pour les Travaux publics qui étudiera les projets de travaux d’intérêt général et en contrôlera