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l’activité des citoyens de ce pays : là comme ailleurs, et quelles que soient les formes de l’action politique exercée, « le commerce suit le drapeau. » Il doit le faire d’autant plus naturellement que, sous la domination ottomane elle-même, non seulement nos écoles l’emportaient de loin en Syrie sur toutes leurs concurrentes, mais encore les grandes entreprises étaient françaises : chemins de fer, construction des routes, ports, ainsi que l’usine à gaz de Beyrouth, etc. Il est normal que cette liste s’allonge sous le régime du mandat : de nouvelles affaires sont en constitution qui associeront Syriens, Libanais et Français : minoteries, utilisation des forces hydrauliques, en attendant les grands travaux d’irrigation dont le plan a déjà été fait en ce qui concerne la plaine d’Antioche. Le développement du pays avec l’aide des Français est d’autant plus normal que si la Syrie fournit dès maintenant, comme elle l’a fait de tout temps, des commerçants de première force, — elle est pour une bonne part fille de la Phénicie, — elle ne possède guère à l’heure actuelle les hommes ayant le caractère et la formation voulus pour fournir des capitaines d’industrie.

Ce serait sortir de notre cadre que de nous étendre sur les possibilités économiques de la Syrie et les avantages que leur réalisation peut valoir à la France. Il suffit des quelques indications qui viennent d’être données pour prouver, du moins, que les pays sous mandat seront bientôt capables de payer tout leur gouvernement et toute leur administration.

Rien ne nous empêchera donc matériellement de demander à la Syrie de se charger des dépenses propres du mandat. Sans doute ne faut-il pas songer à le faire avant quelques années. N’oublions pas que nous avons réussi à comprimer les dépenses et à augmenter les recettes des États de manière à pouvoir, de 1921 à 1922, les amener à se passer de 40 millions de subventions françaises. C’est un effort considérable dans un pays dont toutes les recettes n’atteignent pas 200 millions. Il laisse de gros besoins à satisfaire par les recettes douanières sur lesquelles nous pourrions le plus facilement prélever les frais de la tutelle. Cette année, les douanes ont ajouté, pour permettre aux budgets des États de « boucler, » 32 millions aux 40 millions de subventions allouées par le Haut-Commissariat. C’est un secours qui, malgré tout ce que pourra réaliser le mandat français, doit rester nécessaire pendant quelque temps encore