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pour justifier, au fond, le principe des démarches qu’il a confiées à M. Franklin-Bouillon et le résultat essentiel que la France a cherché à Angora, c’est-à-dire la fin des hostilités avec les Turcs et le retrait de nos troupes.

Une conversation générale avec l’Angleterre et avec l’Italie sur les relations des Alliés avec la Turquie et avec la Grèce est assurément nécessaire. Lord Curzon a eu raison de dire qu’il est désirable que les trois Puissances alliées adoptent en Orient « une seule politique, un seul programme et un seul but ; » mais, lorsqu’il a éloquemment protesté contre toute action isolée ou égoïste de l’un quelconque des Gouvernements de l’Entente en Asie-Mineure, la France n’a pas été, j’imagine, la seule à prendre sa part du reproche. Comment dites-vous à votre frère : Laissez-moi tirer une paille de votre œil, vous qui avez une poutre dans le vôtre ?

Chacun de nous a ses torts. Laissons le passé ; tournons-nous vers l’avenir. Sommes-nous convaincus que, pour préserver d’une rupture funeste l’équilibre international, pour calmer, en Europe et en Asie, une agitation fébrile, pour rétablir l’ordre.et la paix dans un monde que font chanceler encore de perpétuelles secousses, la France, l’Angleterre et l’Italie doivent unir leurs efforts et concerter leur action ? Alors, causons. La France est prête. Elle demande seulement à rester la France et à n’être conduite que par elle-même.


RAYMOND POINCARE.

Le Directeur-Gérant : RENE DOUMIC.