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AU TEMPS DE L’INNOCENCE



QUATRIÈME PARTIE[1]



XVII


— Ta cousine, la comtesse Olenska, est venue voir maman pendant ton absence.

Ce fut Janey qui annonça la nouvelle à Newland, le soir de son retour, pendant le dîner. Surpris, le jeune homme regarda sa mère, qui avait les yeux baissés sur son assiette. Mrs Archer ne considérait pas son éloignement du monde comme une raison d’en être oubliée, et Newland comprit qu’il l’avait légèrement froissée en s’étonnant de la visite de Mme  Olenska.

— Elle portait une polonaise en velours noir, avec des boutons de jais et un petit manchon en singe ; je ne l’ai jamais vue plus élégante, continua Janey… Elle est venue seule, dimanche, de bonne heure ; heureusement, le feu était allumé dans le salon. Elle avait un de ces nouveaux porte-cartes. Elle a dit vouloir nous connaître, parce que tu avais été si bon pour elle !…

Archer se mit à rire.

Mme  Olenska parle toujours ainsi de ses amis… Elle est très heureuse d’être revenue parmi les siens…

— Oui, elle nous l’a dit, observa Mrs Archer. Je dois avouer qu’elle paraît reconnaissante de notre accueil…

— J’espère qu’elle vous a plu, maman…

Mrs Archer serra les lèvres.

— Elle fait certainement tout ce qu’elle peut pour être ai-

  1. Voyez la Revue des 15 novembre, 1er  et 15 décembre.