A trois heures de l’après-midi, l’ambassadeur d’Allemagne demande à être reçu par l’Empereur, qui le prie de venir immédiatement à Péterhof.
Accueilli de la manière la plus affable, Pourtalès se borne à développer le thème exposé dans le dernier télégramme du Kaiser : « L’Allemagne fut toujours la meilleure amie de la Russie… Que l’empereur Nicolas consente à révoquer ses mesures militaires, et la paix du monde est sauvée… »
Le Tsar répond en faisant valoir les ressources de conciliation que la proposition de Sazonow, remaniée par Sir Edward Grey, offre encore pour un règlement honorable du conflit.
A onze heures du soir, Pourtalès se fait annoncer au ministère des Affaires étrangères. Reçu aussitôt, il déclare à Sazonow que si, dans un délai de douze heures, la Russie n’interrompt pas ses mesures de mobilisation, tant du côté de l’Allemagne que du côté d’Autriche-Hongrie, l’armée allemande sera mobilisée tout entière.
Puis, regardant la pendule qui marque onze heures vingt-cinq, il ajoute :
— Le délai expirera demain à midi.
Sans laisser à Sazonow le temps de formuler aucune observation, il reprend, d’une voix trépidante et précipitée :
— Consentez à démobiliser !… Consentez à démobiliser !… Consentez à démobiliser !…
Sazonow, très calme, répond :
— Je ne peux que vous confirmer ce que vous a dit Sa Majesté l’Empereur. Tant que les pourparlers continueront avec l’Autriche, tant qu’il y aura une chance de conjurer la guerre, nous n’attaquerons pas. Mais il nous est techniquement impossible de démobiliser, sans désagréger tout notre organisme militaire. C’est une considération dont votre État-major lui-même ne peut pas contester la légitimité.
Pourtalès sort, avec des gestes d’effarement.
Samedi, 1er août 1914.
Le délai assigné par l’ultimatum allemand expirait aujourd’hui à midi ; c’est à sept heures du soir seulement que Pourtalès se présente au ministère des Affaires étrangères.