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gens du Rhin et les gens d’outre-Rhin. Maintenant, quand les Allemands des deux rives discutent entre eux, c’est toujours sur cette donnée que la rive droite restait attachée au système des corporations et des classes, alors que la rive gauche avait fait sien le régime de la liberté.


Les Français, en même temps qu’ils libéraient dans la profession et dans le métier l’effort des Rhénans industrieux, se préoccupaient de l’encourager.

Comment ils s’y prirent ? Des notions desséchées, abstraites nous le diront mal. Il faudrait accompagner l’Empereur dans ses trois grands voyages, entendre ses conversations sur place avec ses fonctionnaires et avec les indigènes (nous en avons des traits), le suivre, lui et ses agents, dans leur vie créatrice quotidienne. Quelle leçon d’intelligence et de volonté nous prendrions, à le voir aux prises avec les questions, les débrouillant, les réglant !

Le voyage qu’il fit à l’automne de 1804 dans les pays rhénans, fut presque tout entier consacré aux questions économiques. A Aix-la-Chapelle, il visite les fabriques d’aiguilles de Gottfried Pastor et des frères Peters, la fabrique de drap d’Ignace van Houten, membre de la chambre consultative. Il donne à ce dernier l’ancien couvent des Dames blanches, contre une somme de quarante mille francs, pour y installer des appareils mécaniques qui perfectionneront la fabrication du drap. Il donne au fabricant Conrad Claus une partie du couvent de Sainte-Anne, contre une somme de sept mille francs. Il cède, pour la somme dérisoire de treize mille francs, à l’Alsacien Laurent Jecker, des bâtiments appartenant à l’ancienne abbaye d’Herzogenrat, pour y installer sa fabrique d’épingles. On note encore qu’à Crefeld, il logea chez le grand fabricant de soieries Von der Leyen.

Et sur son exemple ses fonctionnaires se réglaient. Leur correspondance avec les Chambres de commerce constitue une sorte d’enquête permanente. Une enquête avec des solutions. Ils ne se lassaient pas de questionner et de décider.

Que veut donc le génie de la France ? Développer la prospérité, assurer le bien-être des populations rhénanes ? Sans doute. Mais son ambition est plus haute et plus noble. Il s’agit d’éduquer la bonne volonté des Rhénans, de leurs industriels, de leurs agriculteurs et de leurs commerçants.