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Je ne crois pas que nous perdions notre temps en tirant de sa poussière une vieille circulaire où la Chambre de commerce de Crefeld, en 1811, avertit les maires de l’arrondissement que « Monsieur le préfet, baron de Ladoucette, désirerait qu’il fût érigé un musée à Aix-la-Chapelle, qui comprendrait les échantillons de tous les objets qui se fabriquent dans le département. » La circulaire ajoute : « Veuillez donc, Monsieur le maire, inviter MM. les fabricants à réunir dans une carte complète d’échantillons tous les objets qu’ils fabriquent. » Qui ne sent l’intérêt de surprendre ainsi, dans les archives, la première palpitation d’une grande idée et la proposition d’où naquirent tous les musées industriels rhénans ?


Et tout ce qu’ils font là pour l’industrie, les administrateurs impériaux le renouvellent pour l’agriculture, pour le commerce, pour les petits métiers d’artisans et de boutiquiers. C’est un système chez eux de ne laisser aucun ordre de bonne volonté en arrière. Ils s’appliquent à développer d’une manière harmonieuse chacune des parties de la vie économique. Industrie, commerce, agriculture, petits métiers, ils protègent et guident toutes ces activités diverses, en liaison intime les unes avec les autres.


Mais ce n’est pas assez pour l’administration française sur le Rhin d’équilibrer dans leur développement toutes les branches du travail ; elle veut établir l’harmonie entre les classes.

A cet effet, la loi du 18 mars 1806 crée les conseils de prud’hommes. Ces tribunaux, composés d’industriels, de chefs d’atelier, de contre-maîtres et d’ouvriers patentés, régleront les conflits entre ouvriers et patrons, entre apprentis et artisans. Le rapporteur Regnault de Saint-Jean-l’Angely insiste tout particulièrement sur leur caractère patriarcal : « Des tribunaux de famille, dit-il, qui joindront à l’inflexible sévérité de l’autorité publique une sorte de bienveillance paternelle. » Un premier conseil de prud’hommes est élu à Aix-la-Chapelle en 1808. D’autres suivent, à Crefeld, à Cologne et dans tout le département de la Roër. Avec tant de succès que, plus tard, les assauts des Prussiens seront impuissants contre cette idée française. Les conseils de prud’hommes existent toujours sur le Rhin.