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L’AVENIR
DE
L’ENTENTE FRANCO-BRITANNIQUE

I
LA POLITIQUE DES PORTS

L’entente cordiale du peuple français et du peuple britannique, la solidarité politique de leurs gouvernements, n’ont jamais été plus qu’aujourd’hui nécessaires pour le salut de la civilisation européenne et l’établissement d’une paix durable. La grande tempête déchaînée par l’Allemagne n’est pas apaisée ; les flots restent émus ; la guerre n’est pas finie, puisqu’on se bat dans toute l’Europe orientale et en Asie ; les traités de paix, à peine signés, sont remis en question.

Cependant ces derniers mois ont été marqués par de sérieuses difficultés franco-britanniques ; des divergences se sont révélées sur des points qui touchent non seulement aux intérêts des deux pays, mais à tout l’avenir de l’ordre en Europe. Avec une égale bonne volonté, les hommes d’État des deux pays se sont appliqués à les résoudre ; l’opinion publique, sur les deux rives du « Canal, » les réprouve et ne les comprend pas ; elles renaissent pourtant, elles surgissent, presque à chaque pas, de l’application des traités ; elles ne datent pas d’hier, elles ont existé pendant la guerre, voilées par la magnifique fraternité des armes, et ceux-là seuls qui ont eu le redoutable honneur de négocier les traités peuvent dire de quelles discussions laborieuses la rédaction en est sortie et quelle somme de bonne volonté ils ont dépensée pour concilier des points de vue qui paraissaient inconciliables ;