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résultera-t-il pour la France des sacrifices faits au Levant et quels sont les espoirs qu’ils justifient ? Comment ne pas se poser ces trois questions en voyant passer celui qui eut la redoutable tâche de les résoudre ?

Le séjour en France du Haut-Commissaire de la République en Syrie et Cilicie, qui est aussi le commandant en chef de l’Armée du Levant, le souci du Parlement et de l’opinion de poursuivre la politique d’économie qu’exige la situation de la France si éprouvée par sa victoire, enfin, la tournure nouvelle prise par les événements d’Orient, donnent à ces trois questions un caractère de pressante actualité.

L’heure est donc favorable pour y répondre, en examinant d’abord quelle était la situation en Syrie il y a un an, puis en exposant brièvement :

Quels furent, dans ce récent passé qui comprend l’année écoulée depuis l’arrivée du général Gouraud au Levant, les événements survenus en Syrie et en Cilicie, et l’œuvre accomplie par la France dans ces deux pays ;

Quelle est, dans le présent, l’organisation actuellement en voie de réalisation pour les territoires de Syrie relevant de notre mandai, et quelle est, d’autre part, la situation dans la Cilicie occupée par nos troupes ;

Quelle sera, enfin, pour l’avenir, la formule politique et administrative vers laquelle doit s’orienter l’activité française au Levant et quels sont les avantages qu’il faut escompter demain pour notre pays en échange des sacrifices qu’il y a consentis jusqu’ici, et qu’il continue à y accepter.

Tel doit être le triple objet de cette étude.

I. — LA MISSION DU GÉNÉRAL GOURAUD

C’est le 15 septembre 1919 que fut signé, sur l’initiative de Londres, le protocole franco-anglais qui eut pour conséquences l’envoi du général Gouraud au Levant et la relève des troupes britanniques par les nôtres.

La démobilisation anglaise étant terminée dans la métropole, les charges du Royaume-Uni demeuraient immenses. Sans préjuger de l’avenir, on pouvait prévoir que les territoires libérés du joug turc par la victoire des Alliés ne seraient pas attribués comme tant d’autres à la protection britannique. Il