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L’ŒUVRE DE LA FRANCE EN SYRIE.

dérer que les importations en Cilicie pourraient arriver par année à une valeur de plus de 100 millions de francs. Le chiffre des exportations, plus difficile à fixer, pourrait aller, avec la mise en valeur du pays, jusqu’à atteindre, pour le coton, 250 000 tonnes, et, pour les céréales, environ 1 400 000 tonnes.

Si cet avenir favorable a retenu toute notre attention, même et surtout depuis l’apparition du traité de Sèvres, qui consacre cependant le caractère ottoman de la Cilicie, ce n’est pas uniquement en raison des sacrifices que nous a coûtés un pays qui ne doit pas appartenir à la France. C’est aussi parce que nous avons acquis sur la Cilicie des droits à certains avantages. Ceux-ci nous ont été d’avance reconnus par la Sublime-Porte. Ils sont définis par une convention consécutive au traité de paix avec la Turquie et dite : « Accord tripartite. »

L’article V de cet accord, intervenu entre la France, l’Angleterre et l’Italie, prévoit une « zone dans laquelle des intérêts particuliers sont reconnus à la France. » Cette zone comprend la Cilicie, une partie de la Haute Mésopotamie et du Kurdistan.

D’après le même article, c’est à la France qu’il appartient de prêter son concours à la Turquie pour organiser l’administration ou la police du pays, dans le cas où il manifesterait le désir d’obtenir un concours extérieur, et d’assurer la protection des minorités dans la zone qui lui est attribuée.

En outre, aux termes de l’accord tripartite, qui maintient le principe de l’égalité de traitement économique des contractants pour les fins commerciales, la France a un droit de priorité par rapport aux deux autres Puissances signataires pour tout ce qui concerne les concessions commerciales ou industrielles dans sa zone. Cet accord a donc pour effet d’éliminer dans notre zone, à charge de réciprocité pour la leur, la concurrence des Anglais et celle des Italiens.

Enfin, l’accord nous donne le droit d’acquérir et d’exploiter la totalité des lignes de chemin de fer de notre zone, en particulier celle de Tarsous-Mersine-Adana. L’attribution de ces lignes comporte, en même temps, les avantages concessionnaires accessoires du contrat, c’est-à-dire des concessions de mines à 20 kilomètres de part et d’autre de la ligne, et la faculté d’y utiliser les forces hydrauliques, si elles n’ont pas déjà reçu d’autre emploi.