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Page:Revue des Deux Mondes - 1921 - tome 62.djvu/666

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adriatique. L’Italie obtient, à l’Est, sa frontière naturelle, passant par le Monte Nevoso, couvrant efficacement Trieste et lui laissant la totalité de l’Istrie, avec la voie ferrée qui relie Fiume par Saint-Pierre à Laybach (Lubiana). Elle acquiert les îles de Cherso, Lussin, Lagosta et Pelagosa, Zara lui est attribuée en toute souveraineté avec un petit hinterland. Fiume est érigée en Etat indépendant, formé du corpus separatum et d’une bande de territoire établissant la contiguïté territoriale avec le royaume. Toute la partie de la Dalmatie que la convention de Londres réservait à l’Italie et toutes les îles dalmates autres que les quatre iles citées plus haut sont dévolues à la Yougo-Slavie. Des garanties spéciales sont stipulées en faveur des Italiens englobés dans les limites de l’Etat serbe-croate-slovène et des Yougo-slaves englobés dans celles de l’Italie.

Ce traité termine le différend à des conditions plus avantageuses pour l’Italie qu’aucun des projets de transaction discutés auparavant. Il le termine néanmoins à des conditions dont les Yougo-Slaves n’ont pas à se repentir. Chacun des deux peuples, dont certaines aspirations-restent insatisfaites, doit et peut raisonnablement attendre d’une amélioration de leurs rapports la récompense de ses concessions. Pareille amélioration, dont les négociateurs se sont immédiatement appliqués à donner l’impression, peut-être pour les deux pays d’un prix inestimable. Elle est le complément logique du traité, qui prévoit entre eux des accords économiques et qui a donné lieu entre les signataires à des déclarations du plus heureux augure.


XIII. — L’ÉPILOGUE DE LA DICTATURE DE GABRIEL D’ANNUNZIO.

Italiens et Yougo-Slaves d’accord ; alliés des uns et des autres consentant d’avance à leur arrangement direct et empressés à s’en féliciter : la question de l’Adriatique pouvait être considérée comme réglée. C’était compter sans M. d’Annunzio.

A peine le soupir de soulagement qui a salué le traité de Rapallo [1] a-t-il eu le temps de s’exhaler des poitrines italiennes et alliées, qu’un souci est venu s’y mêler et, pour ainsi dire, le comprimer : que fera d’Annunzio ? Et, faute d’une

  1. Le traité italo-yougo-slave a pris le nom de Rapallo, localité voisine de Santa-Margherita-Ligure.