4 novembre. — Je suis arrivé à un âge et à une situation, qui éloignent toute idée de bénéfice personnel pour moi. La seule chose que je désire, c’est qu’il n’y ait jamais de désaccord entre nous. Vous êtes rentrée à la Revue, j’en suis très heureux, et si vous saviez que dans nos conversations d’il y a quelques années sur vous, — nos récriminations, si vous voulez, — et les hommes sur lesquels est tombée d’aplomb votre belle préface de Jean, il y avait tant d’amicales réminiscences qu’on finissait toujours par me dire : « Buloz, Buloz, vous l’aimez toujours, malgré tout, vous vous embrasserez un jour, et vous l’aimerez plus que jamais.
« Cela est arrivé, et vous savez si le sentiment est réel… Pour l’article sur Ruzzante, tant que vous voudrez, mais ce poète comique, me disait Lataye, n’est pas si inconnu que vous croyez en France[1]. »
Devant cette profession de foi d’amitié fidèle, George ne désarme guère, et qu’a-t-elle imaginé ? Elle a cru comprendre que F. Buloz ne désirait d’elle qu’un roman par an ! — et puis il y a autre chose. Mme F. Buloz lui a semblé animée de sentiments hostiles à son endroit. Le petit ange de paix ? En vérité ? La dernière fois que George est allée voir Mme F. Buloz, celle-ci lui aurait dit : « Vous avez donc remis la griffe sur lui ? » et George : « Comme elle a toujours été très bonne et très aimable avec moi personnellement, je me suis demandé si elle ne regardait pas mon retour à la Revue comme une chose fâcheuse et onéreuse, et, pour rien au monde, je ne voudrais mériter le reproche d’encombrer le recueil, et de dégarnir la caisse… ». George, en écrivant ainsi, est-elle sincère ? Ne se souvient-elle pas des démarches de Mme F. Buloz pour la réconcilier avec la Revue ? Son amie ne lui a-t-elle pas maintes fois servi d’intermédiaire ? George est-elle si oublieuse ? Car, perfide, certes, elle ne l’est pas…
L’année suivante, au printemps, la voici installée à Gargilesse, charmant petit hameau de la Creuse, dont elle s’est entichée.
- ↑ 1859. Inédite.