Il me paraît intéressant d’aborder, ici, la question des opinions personnelles de l’homme, qui dirigea quarante-six années la Revue des Deux Mondes. Quelles étaient-elles ? Nous avons vu que le Gouvernement de Louis-Philippe ne lui fut pas contraire, et même que les ministres, Molé, Montalivet, Thiers, usant de son influence, cherchèrent d’autre part à le servir : sa nomination à la direction des Français, il la dut au gouvernement de Juillet qui, en somme, soutint ses efforts, sauf à l’époque du ministère Guizot.
Pourtant, si F. Buloz fut partisan de Louis-Philippe, ce fut plutôt, je pense, par esprit d’ordre et de patriotisme, et parce qu’il estimait que la France lui devait alors sa prospérité ; le directeur de la Revue était trop indépendant, trop admirateur du philosophe de Genève, pour admettre une cour ; les fastes, même bourgeois, du Roi citoyen ne le séduisirent jamais ; il se révolta constamment à l’idée de faire antichambre chez un ministre, et d’y perdre son temps, lui dont le temps était si précieux. Petit à petit, par la suite, il s’attacha personnellement aux fils de Louis-Philippe, au point de courir quelques risques pour eux sous l’Empire, en publiant des articles qu’ils écrivirent, mais ne signèrent point.
On a vu ici que F. Buloz ne crut pas à la Révolution de 1848,
- ↑ Voyez la Revue des 1er février, 1er mars.