placées selon leur longueur d’onde. En un mot, la lumière sera décomposée, étalée, dispersée par une fente fine, comme par un prisme. Sur ce principe on a construit des « réseaux de diffraction, » constitués par des stries très fines tracées sur verre et qui permettent, comme le spectroscope ordinaire à prismes, d’analyser la lumière et de définir les longueurs d’onde. Dans les réseaux de diffractions ordinaires qui servent à l’analyse de la lumière, les stries tracées sur le verre sont au nombre de quelques centaines par millimètre.
Si, suivant l’hypothèse émise, les longueurs d’ondes des rayons X sont petites par rapport aux intervalles des atomes matériels, c’est-à-dire si ces ondes ont une longueur de l’ordre du dix-millionième de millimètre, c’est-à-dire mille fois plus courtes que les ondes lumineuses, il doit être évidemment impossible de graver un « réseau » capable d’analyser ces rayons. Il faudrait en effet que ce réseau comportât plusieurs centaines de milliers de stries par millimètre, et si habiles que soient nos opticiens, ils ne sont pas encore capables de faire cela.
L’idée géniale du physicien Laue est d’avoir pensé et d’avoir démontré ensuite, que, faute de ceux que nous sommes incapables de fabriquer, la nature nous offre des « réseaux » suffisamment serrés pour être capables de résoudre, d’analyser en les diffractant, les rayons X, si ceux-ci sont ce qu’on a supposé.
Ces réseaux naturels, ce sont les cristaux dans lesquels, comme on sait, les atomes matériels sont rangés symétriquement et alignés les uns à côté des autres en lignes droites parallèles et infiniment serrées. On a établi en effet depuis longtemps que les faces d’un cristal sont comparables à un tamis dont les traits entrecroisés, et formés d’atomes juxtaposés, sont au nombre de centaines de mille (et même parfois de plusieurs millions) par millimètre. Ils réalisent donc précisément les conditions de réseaux propres à analyser les rayons X !
C’est exactement ce que l’expérience a vérifié entre les mains de Laue lui-même, de Bragg, de Moseley, de Broglie et de beaucoup d’autres. En faisant tomber sur une face d’un cristal un faisceau de rayons X parfaitement homogène et très délimité par des trous fins percés dans des écrans de plomb, on constate qu’après leur traversée du cristal ces rayons présentent des phénomènes de diffraction, c’est-à-dire des maxima et des minima d’intensité séparés par des intervalles bien déterminés, et qu’on peut photographier facilement. L’étude de ces photographies permet (par des calculs dont le détail