recueillir, sur les rivières et leurs affluents, les tribus et leurs divisions, le nombre de fusils et de chevaux dont elles disposent, les routes, celles qu’il a suivies et celles qu’on lui a indiquées, avec la notation de la durée des étapes, sorte de guide que les chefs de nos troupes opérant au Maroc ont consulté et consultent encore aujourd’hui. A la fin, se trouve un appendice sur les Israélites au Maroc, étude sociale et statistique ; puis la liste des observations astronomiques faites au cours du voyage ; le tableau des latitudes et longitudes, les observations météorologiques, et un index des noms géographiques contenus dans le volume et dans l’atlas.
Un an après le retour de Charles de Foucauld en terre française, le 24 avril 1885, Henri Duveyrier faisait un rapport à la Société de Géographie de Paris sur la Reconnaissance au Maroc, dont il avait étudié le manuscrit. « En onze mois, disait-il, du 20 juin 1883 au 23 mai 1884, un seul homme, M. le vicomte de Foucauld, a doublé, pour le moins, la longueur des itinéraires soigneusement levés au Maroc. Il a repris, en les perfectionnant, 689 kilomètres des travaux de ses devanciers, et il y a ajouté 2 250 kilomètres nouveaux. Pour ce qui est de la géographie astronomique, il a déterminé quarante-cinq longitudes et quarante latitudes ; et, là où nous ne possédions que des altitudes se chiffrant par quelques dizaines, il nous en apporte trois mille. C’est vraiment, vous le comprenez, une ère nouvelle qui s’ouvre, grâce à M. de Foucauld, et on ne sait ce qu’il faut le plus admirer, ou de ces résultats si beaux et si utiles, ou du dévouement, du courage et de l’abnégation ascétique, grâce auxquels ce jeune officier français les a obtenus. » Duveyrier indique ensuite quelles sont les parties du voyage qui peuvent justement porter le nom de découvertes ; elles sont nombreuses et importantes ; il établit que les observations du vicomte de Foucauld ont corrigé, d’un degré plein vers l’Ouest, le tracé d’une partie du cours du Dhera’a, telle qu’elle est portée sur la carte du docteur allemand Rohlfs. Enfin, il annonçait, en terminant son rapport, que la Société de Géographie attribuait la première de ses médailles d’or au jeune explorateur.
Ce qu’il faut dire, en achevant ce chapitre, c’est que jamais Foucauld n’oubliera le Maroc. Une seule fois il semblera tout près d’y rentrer ; il se réjouira dans son cœur, à la pensée de parcourir librement ce pays où la France est enfin venue, et,