de la musique du Roi. Il bat la mesure avec son thyrse. Derrière Pan-Lulli et sa suite, marchent sur trois lignes les joueurs de hautbois ; puis vingt et un danseurs armés de massues, et montés sur les épaules les uns des autres ; puis cinquante et un musiciens portant sur leurs têtes, dans des corbeilles, les pommes de pin et les gourdes, fruits aimés des satyres. Le cortège arrive. Voici les joueurs de hautbois se rangeant de chaque côté de l’escalier qui conduit à la table du Dauphin ; et, prodige de souplesse et de grâce, de quatre mesures en quatre mesures, les danseurs les plus élevés sautant trois par trois, de sorte que toujours on en voit trois reconstituer la figure primitive.
Les musiciens s’approchent ; et, sur le gazon, c’est une danse extraordinaire de faunes, de sylvains et de satyres.
Elle s’arrête bientôt, et les musiciens gravissent l’escalier en double file, contournent la table de Monseigneur, posent leurs corbeilles sur les appuis des portiques. Tandis que, par un autre escalier, ils redescendent, les danseurs montent précédés des joueurs de hautbois, et, en se tenant par la main, exécutent un pas autour des convives.
Tout à coup, dans la profondeur des bois, retentit un air de feu Lulli.
Debout, Lysiscas, holà ! debout !
Pour la chasse ordonnée, il faut préparer tout,
chantent les musiciens, qui ont trouva près de l’allée voisine des
piqueurs endormis. « Un grand bruit de cors » leur répond. Un
cerf traverse la route. Monseigneur crie : Taïaut ! Il demande une
meute. La meute paraît, et l’on découple les chiens. Il souhaite
des chevaux, les chevaux sont là, et, avec les seigneurs, il s’élance
au galop. Chasse merveilleusement truquée et finissant, au
bout d’une heure, par un bat-l’eau dans l’étang de Commelles.
Du lundi 23 au dimanche 29, que de divertissements suivent cette première fête ! L’appartement, la musique, la medianoche, la tragédie lyrique, l’opéra, le feu d’artifice, l’embarquement sur un bâtiment tout doré, pareil à ceux du roi de Siam, qui fend les eaux du canal au milieu des voix et des instruments ; la collation servie dans la forêt ou dans le salon vert du labyrinthe que révèle seul, invisible Ariane, un concert de haut-bois. Et toujours, il y a la chasse : la chasse à tir (cinq cents pièces au tableau le 25), la chasse à courre (au cerf et au loup),