M. Chevrillon a pris séance à l’Académie le 21 avril. M. Ribot à sa droite, M. Boutroux à sa gauche étaient ses parrains. Auprès de M. Boutroux, le maréchal Foch avait pareillement revêtu l’habit vert. Devant eux, le maréchal Joffre, en redingote ; Mgr Baudrillart, M. René Bazin.
M. Chevrillon se tient droit, dans une attitude grave et simple, les feuillets dans la main gauche, l’épaule un peu avancée, l’autre main tombante, le pouce appuyé à la poche. Pas de gestes, sauf, à de très rares moments de charme ou d’émotion, un petit mouvement de la main droite, comme si elle tournait secrètement un moulin à café. La figure est régulière. Le crâne est nu avec austérité. Le teint, égal et basané, le paraît davantage à cause de ces deux « plaques de neige qui brillent aux tempes. La bouche, encadrée d’une moustache blanche et d’une barbiche en pointe, se soulève du côté droit et laisse passer sous cette arche une voix fine, faible et un peu empâtée. Le débit est égal, l’ensemble est correct, sérieux, judicieux et le discours ne dément pas cette apparence.
C’est une excellente étude sur Etienne Lamy. Après un hommage à Taine, dont il est le neveu, M. Chevrillon, conformément aux méthodes de son oncle, a défini le milieu, la race et le moment. Le milieu où Etienne Lamy est « raciné, » c’est le village de Cize, dans les sapinières du Jura, une des provinces où le sentiment de la patrie locale est le plus vif. « Entre les longs plis sombres du Jura, à sept cents mètres de hauteur, on est dans un pays à part, tonique, sévère, où tout incline l’âme au sérieux et l’excite à l’effort. »