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Page:Revue des Deux Mondes - 1921 - tome 63.djvu/287

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LE DANGER AÉRIEN

Il me souvient qu’en 1911, Ader vint à Versailles pour revoir le lieu de ses mémorables expériences de 1897 ; il voulut bien, à ma demande, faire une conférence aux futurs officiers aviateurs rassembles en un stage préliminaire, avant leur dispersion dans les Ecoles d’aviation.

Il en reste peu, de ces brillants et courageux pionniers de la première heure ; parfois, je rencontre l’un des survivants de la glorieuse phalange et nous nous rappelons la longue causerie, écoutée d’abord avec un peu de scepticisme et qui se termina dans l’enthousiasme.

Ader avait prophétisé, disons-nous maintenant, alors que nous avons vu l’armée aérienne se constituer, manœuvrer et combattre suivant des règles presque analogues à celles qu’il avait indiquées bien des années avant la guerre.

Ader, dont la verte vieillesse ne connaît pas de défaillances, du fond de sa retraite de Muret, saisit aujourd’hui l’opinion publique, et réclame un effort nouveau, gigantesque, pour sauver la France du danger aérien.

Quel est, quel sera ce danger ? Quels sont les moyens d’y parer ?


En 1914, l’avion fragile, peu puissant, de faible rayon d’action, simple engin de sport appliqué à la guerre, est avant tout un instrument d’observation et de reconnaissance ; tout au plus en avons-nous cent cinquante sur le front, au moment où la Grande Guerre éclate.

Les nécessités de la lutte entraînent des progrès considérables qui permettent à l’avion de remplir les missions les plus