se portaient le plus souvent sur un petit tableau à l’huile : le portrait du Roi de Rome. »
Le 1er mai, à onze heures, Mme Bertrand fut introduite auprès de l’Empereur. Il la fit asseoir au chevet de son lit, lui parla de la maladie qu’elle avait éprouvée : « Vous voilà bien maintenant, lui dit-il, cette maladie était connue ; la mienne ne l’est pas, et je succombe. » Il demanda des nouvelles des enfants ; pourquoi elle n’avait pas amené Hortense ? Depuis lors, Mme Bertrand vint chaque jour passer quelques instants au chevet de l’Empereur.
On attendait la mort. Arnott et Antommarchi couchaient dans la bibliothèque ; Bertrand veillait avec Marchand, Montholon avec Saint-Denis. Deux hommes n’étaient pas de trop. Dans la nuit du 2 au 3, « l’Empereur qui, malgré sa faiblesse, avait toujours voulu se lever pour le plus léger besoin, prétendit sortir de son lit. Le comte de Montholon et Saint-Denis s’en approchèrent ; resté debout un instant, ses jambes fléchirent sous le poids du corps, et il serait tombé si l’un ou l’autre ne l’avait soutenu. »
Le 3, il ne prend plus que de l’eau sucrée avec un peu de vin. Chaque fois que Marchand lui en offre, il lui dit, en le regardant d’un œil presque gai : « C’est bon, c’est bien bon. » Le gouverneur vient demander qu’Arnott et Antommarchi consultent avec les médecins Short et Mitchell ; on y consent. Les Anglais ne voient pas le patient ; ils délibèrent avec leurs confrères, en présence de Bertrand et de Montholon. Ils demandent que l’Empereur consente à se laisser frotter les reins qui s’entament, avec de l’eau de Cologne, mitigée d’eau, et qu’il prenne une potion calmante. « C’est bien, dit l’Empereur au grand-maréchal, nous verrons ; » et quand Bertrand est sorti, il dit à Marchand, en le regardant et avec une légère grimace : « Beau résultat de la science ! Belle consultation ! Laver les reins avec de l’eau de Cologne, bon ! pour le reste, je n’en veux pas. »
Noverraz, qui a failli succomber à une attaque du foie, et qui est au lit depuis un mois, s’est traîné jusqu’à la chambre de son maître, qui lui dit : « Tu es bien changé, mon garçon, te voilà mieux ? — Oui, Sire. — Je suis bien aise de te savoir hors de danger, ne te fatigue pas à rester sur tes jambes, va te reposer. » Noverraz, à grand’peine, gagne la pièce voisine, où il tombe.
Ce jour-là, à deux heures, Saint-Denis vient dire à Marchand