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LA RÉFORME
DE
L’ENSEIGNEMENT SECONDAIRE

I
LES « COMPAGNONS » ET L’ÉCOLE UNIQUE

L’ordre du jour immortel qui annonçait au pays la première victoire de la Marne se terminait par un satisfecit donné à l’éducation française. Entre tous les types d’enseignement, nos vieilles humanités étaient sorties rajeunies de l’épreuve à laquelle toutes les énergies françaises ont été soumises. Elles avaient fourni un corps incomparable d’officiers, ajoutant à toutes leurs vertus cette qualité d’être aptes à comprendre vite et à se faire comprendre de même. Si bien qu’on a pu dire que la guerre avait été gagnée par l’enseignement secondaire ; ce qui est vrai, à condition qu’on ajoute qu’elle a été gagnée de même par l’enseignement primaire et par l’enseignement supérieur. Aussi le vent de réformes pédagogiques, qui souffla sur toute l’Europe, n’atteignit-il notre pays que l’un des derniers. Il se félicita d’abord, avec un étonnement naïf et pieux, des ressources imprévues qu’une éducation, dont il avait souvent lui-même méconnu l’action fécondante, avait mises en lui. La préface vibrante que le ministre de l’Instruction publique des années 1914 et 1915 mit à son livre l’Instruction publique et la guerre est un hymne de reconnaissance envers cette éducation traditionnelle, « palladium de notre race. »

Les temps sont changés. Bonne pour une guerre où les âmes