Les ondes lumineuses qui émanent d’une flamme ou d’un objet visible quelconque se propagent, comme les ronds dans l’eau, d’un mouvement uniforme, mais pourtant quelque peu plus rapide, puisque sa vitesse est de 300 000 kilomètres par seconde. Simple différence de degré et non de nature. Comme les ronds dans l’eau, les ondes lumineuses sont formées par des sommets suivis de creux, dont l’ensemble a la forme sinusoïdale d’un long serpent en mouvement, avec cette différence que, d’un sommet à la base du creux suivant, la distance qu’on appelle la longueur d’onde est quelque peu plus petite dans le cas des ondes lumineuses. Pour la lumière jaune, par exemple, cette distance n’est que d’environ un demi-millième de millimètre, ou, comme on dit aussi, d’un demi-micron. Simple différence de degré et non de nature.
Si nous projetons en même temps deux cailloux dans l’eau, nous aurons deux séries de ronds, d’ondes circulaires, divergeant chacune à partir d’un des deux points de chute. Ces deux systèmes d’ondes circulaires vont se croiser, s’enchevêtrer, s’enjamber l’un l’autre, mais, si nous suivons attentivement le phénomène, nous constaterons que cet enchevêtrement d’ondes mouvantes a pour résultat une série d’ondes immobiles, ou, pour mieux dire, stationnaires à la surface de l’eau. Examinons ce qui se passe, par exemple, sur la ligne droite qui joint les deux points de chute simultanés de nos cailloux. Exactement au milieu de cette ligne, c’est-à-dire à égale distance des deux points de chute, nous observons par exemple un petit sommet, un petit bourrelet fixe de la surface liquide ; et, s’il y a à cet endroit un sommet de l’onde liquide, ce sommet se déprimera et se changera en creux qui redeviendra un sommet. Mais tout cela sur place sans que cette onde avance dans le liquide. Autrement dit, les ondes résultant de l’entrecroisement de celles qui proviennent des deux points de suite sont stationnaires, et cela, tant que durera l’entrecroisement des ondes mobiles provenant des deux points de chute.
On peut faire l’expérience avec plus de rigueur et de constance en plongeant à la surface d’un bain de mercure deux petites pointes de fer fixées respectivement aux extrémités d’un grand diapason entretenu électriquement. Les vibrations des deux extrémités du diapason sont parfaitement synchrones et égales, et on peut ainsi observer très commodément à la surface du mercure les ondes fixes, les ondes stationnaires résultant du croisement continu des ondes mobiles émanées des deux points de contact du diapason et de la surface mercurielle.