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Page:Revue des Deux Mondes - 1921 - tome 63.djvu/473

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Chronique15 mai 1921

CHRONIQUE DE LA QUINZAINE [1]

Avant la Conférence de Londres et après l’entrevue préparatoire qui avait eu lieu à Lympne entre les premiers ministres britannique et français, M. Aristide Briand avait rendu compte de la situation à la Chambre des députés et au Sénat en d’admirables discours qui avaient reçu des deux assemblées l’accueil le plus chaleureux. « Il n’est pas de promesses que l’Allemagne n’ait multipliées, déclarait-il au Palais-Bourbon ; il n’est pas de conversations qu’elle n’ait recherchées, de délais qu’elle n’ait sollicités, dont quelques-uns lui ont été accordés, et tout cela pour n’aboutir à rien, sinon à gagner du temps. Si, se retournant vers nous, elle nous adressait des propositions dilatoires, si elle nous proposait des négociations nouvelles, elle a toutes raisons de penser que nous lui dirions : « Plus de paroles, des actes ; plus de promesses, des garanties. » Quelques minutes plus tard, au Luxembourg, le Président du Conseil ajoutait : « Nous sommes allés de déception en déception ; nous avons enregistré promesses sur promesses ; toujours, le moment venu de réaliser, qu’il s’agît de sécurité ou qu’il s’agît de réparations, nous avons rencontré la mauvaise volonté, j’aurais le droit de dire, la mauvaise foi de l’Allemagne... Je suis sûr que, le 1er mai, les Alliés, qui poursuivaient hier la victoire sur les champs de bataille, se retrouveront unis sur les champs de justice. »

La Conférence de Londres n’a malheureusement réalisé ni les espérances de M. Briand ni les nôtres, et lorsque nous en reparlerons dans quelques mois, je ne sais trop si nous ne serons pas amenés à répéter que « nous sommes allés de déception en déception. » Peut-être ne nous apercevrons-nous pas immédiatement des nouveaux sacrifices que nous avons faits : ils n’apparaissent qu’à une lecture attentive des documents. Mais un prochain avenir se chargera sans doute

  1. Copyright by Raymond Poincaré, 1921.