Le discours de M. Lloyd George a fait taire l’opposition. Ceux des hommes politiques anglais qui avaient trouvé jusqu’ici qu’on ne ménageait pas assez l’Allemagne se sont déclarés satisfaits. Seul ou presque seul, le journal officieux des Bolchévistes et des communistes, le Daily Herald, a encore jugé trop dures les conditions faites au Reich et prétendu un peu témérairement que c’était « l’école Poincaré » qui triomphait. Tous ceux des autres journaux qui avaient antérieurement critiqué les accords de Paris, comme imposant à l’Allemagne des charges excessives et disproportionnées à sa capacité de paiement, se sont ralliés aux nouveaux accords de Londres. Avec de très légères réserves, M. Keynes lui-même a donné son approbation aux conclusions adoptées. Aussi bien dans des feuilles allemandes que dans le Manchester Guardian, il a expliqué que l’intérêt du Reich était de s’incliner. Il a donné, d’abord, une raison politique : « Signez, a-t-il dit aux Allemands. La menace française s’évanouira ; la Ruhr ne sera pas occupée ; et alors, nous nous emploierons peu à peu, nous autres, à faire réduire la créance des Alliés. » Il a produit, en outre, des arguments financiers, et montré que les accords de Londres étaient beaucoup plus avantageux pour l’Allemagne que ceux de Paris.
« Ne vous laissez pas effrayer, a-t-il dit aux Allemands, par le chiffre théorique de 132 milliards, qu’a fixé la Commission des Réparations. Il n’existe que sur le papier. D’après l’état qui vous a été adressé, vous n’êtes, en réalité, tenus de payer qu’une annuité fixe de 2 milliards de marks or et une annuité variable représentant 26 p. 100 de votre commerce extérieur. Quel est le chiffre actuel de vos exportations ? Quatre milliards de marks or. Il coulera de l’eau sous les ponts de la Ruhr avant qu’elles s’élèvent à vingt-quatre milliards de marks or. Vous aurez donc très peu à payer dans les années prochaines ; et, comme, d’autre part, il est convenu que les sommes que vous ne pourrez pas verser ne formeront pas boule de neige, tout se traduira finalement par un nouveau rabais sur la créance des Alliés. Prenez donc patience. D’autre part, quoi qu’il arrive, vous n’avez qu’à comparer les accords de Londres avec ceux de Paris pour constater que, malgré l’opposition de la France, nous vous faisons maintenant des propositions beaucoup plus favorables pour vous. Les accords de Paris comportaient des annuités fixes progressives et une annuité variable correspondant à 12 p. 100 de vos envois à l’étranger. Rapprochez les chiffres. Vous verrez que la combinaison qu’on vous offre maintenant est sensiblement moins lourde. Empressez-vous d’accepter. »