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Page:Revue des Deux Mondes - 1921 - tome 63.djvu/52

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LA MORT DE L’EMPEREUR

LA MALADIE


I. — LE DOCTEUR O’MEARA.

Lorsque l’Empereur quitta la France, le 15 juillet 1815, on peut s’étonner qu’il n’eût près de lui aucun médecin français, mais on ne saurait l’en rendre responsable. Le Service de santé durant les Cent jours avait été quelque peu désorganisé. Le baron Corvisart, soit qu’il se sentit gravement atteint, soit qu’il voulût éviter de se compromettre, avait formellement décliné l’honneur de reprendre sa place de premier médecin, et l’avait tacitement signifié à Napoléon, en paraissant au lever dans le costume de l’Institut, et non dans celui de son emploi. Il avait alors été remplacé officiellement par le docteur Foureau de Beauregard.

C’était un élève de Corvisart qui l’avait distingué et poussé, et qui l’avait pris dans son service. Il avait l’âge canonique, sortait d’une honorable famille bourgeoise du Poitou, et, s’il aimait à parler, parlait bien et ne manquait pas d’aplomb. Nommé en 1810 pour remplacer Guillonneau, un des quatre médecins de la Maison et de l’Infirmerie impériale, servant par quartier, aux appointements de 8 000 francs par an, il n’aurait point, sans des circonstances exceptionnelles, approché l’Empereur qui avait toujours avec lui Yvan, son chirurgien ; mais, au cas qu’il fût indisposé et qu’il eût besoin de soins médicaux, il les recevait du médecin de l’Infirmerie. Durant la campagne de 1814, si dure, Foureau ne quitta l’Empereur ni le jour, ni la nuit, et il se trouva près de lui à Fontainebleau, où il fut inscrit pour 30 000 francs sur la liste des gratifications que garantissait le traité, et que le gouvernement de la Restauration