Tapis-Vert ou des rampes de l’Orangerie ? Quel buste du XVIIIe siècle, même le plus pétri de grâce et d’intelligence, peut soutenir la comparaison avec le Louis XIV de l’Œil-de-bœuf ?...
Mais il suffit de lire M. Henri de Régnier pour savoir que personne n’est plus sensible que lui à la splendeur de ce décor-là. Saluons avec lui ne fût-ce que la vision rapide que voici, surgie et encadrée, un instant, dans la portière d’un wagon ; « Par une éclaircie subite, se découvrait un spectacle admirable et fugitif. En cuirasse, les jambes nues, le profil sortant d’une vaste perruque, monté sur un cheval de marbre, un cavalier à la romaine galopait sur son piédestal. Il maîtrisait d’une main royale son coursier cabré vers la gloire. Derrière lui, au bout d’une étendue d’eau plate, dans un cadre de gazon, s’élevait une puissante terrasse. Elle surgissait, solide et massive, dans la brume et portait, isolé sur le ciel gris, un palais de magicien. Il ne semblait pas fait de pierre, mais d’une matière enchantée et composé d’une sorte de vapeur architecturale et sublime. Il se dressait souverain, grandiose et triste. C’était Versailles... »
Nous voilà bien loin de l’Italie, semble-t-il. Nous allons nous en écarter davantage encore, mais pour y revenir plus sûrement, — d’un esprit plus lucide et plus averti, — avec M. Henri de Régnier.
Si amoureux de Versailles, si grand décorateur qu’il soit, il n’aime point, au fond, le décor pour lui-même, pas plus qu’il n’aime pour eux-mêmes le XVIIe ou le XVIIIe siècle. Il est un sensuel et un voluptueux. Ce qu’il cherche en ce passé, c’est l’époque et le milieu où la volupté de vivre s’est le mieux épanouie, a été le moins contrariée. Les palais et les jardins de l’ancienne France lui offrent le décor approprié à l’existence qu’il rêve. Mais cette existence même, qu’il veut paisible avant tout, exempte du souci des affaires, de l’ambition et de la politique, abondante en félicités de toute sorte, surtout de félicités matérielles, il la trouve réalisée dans l’ancienne vie de château, l’heureuse vie provinciale du vieux temps, qui avec bien des agréments de la vie de cour, avait encore sur celle-ci l’avantage d’être infiniment plus confortable, plus calme, plus réglée, plus propice aux plaisirs à la fois solides, secrets et charmants.
Et ainsi ce Parisien d’adoption, ce mondain, est, dans le fond de son cœur, par une prédilection marquée, et aussi par