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être avisé, dit-il, que le fond de la maladie est une affection chronique du foie. Je le trouve très agité et fiévreux, se plaignant de grandes douleurs du côté droit et à l’épaule, du peu de sommeil, et surtout de l’ennui que lui donnent par-dessus tout les douleurs dans la tête et le vertige qui le met, à certains moments, dans un état d’insensibilité. Verling répondit qu’il ne voyait pas le moyen de se former une opinion d’après les renseignements que Stokoë lui donnait, et Bertrand, intervenant, dit alors « que M. Stokoë avait déclaré que si le vertige revenait, une saignée serait indispensable. » Interrogé par Lowe qui lui montrait un bulletin de Stokoë correspondant à la description que Bertrand avait faite de la maladie, Verling crut pouvoir dire « qu’aucun danger de mort n’était à craindre au sujet de la maladie de foie, mais que si, dans ce climat, elle était négligée, elle raccourcirait considérablement la vie du patient, que des soins médicaux donnés sur place étaient absolument nécessaires pour couper court au danger qui pourrait provenir de vertige, syncope, etc. »

Stokoë parut dès lors préparer « un traitement suivi de l’affection du foie. » Il demanda à Verling des blue pills, de la pommade mercurielle, du quassia, de la racine de Colombo, et de l’extrait de cantharides. C’étaient les mêmes éléments prescrits par O’Meara. Il saigna le patient ; « la quantité de sang tirée fut peu importante, ainsi que Verling l’a appris du comte Bertrand, qui tenait cette saignée utile pour la maladie de foie. »

Baxter accueillit les bulletins de Stokoë par ce mot à Verling : « Je demeure sceptique. » C’était l’opinion de Lowe. Cependant, lassé des exigences de l’amiral et du gouverneur, prévenu par le commandant du Conqueror que l’amiral voulait le faire passer en conseil de guerre, Stokoë prend les devants et demande « pour raison de santé » à retourner en Angleterre. Il embarque le 30 janvier, arrive le 4 avril à Portsmouth, reçoit l’ordre de rembarquer immédiatement, rejoint Portsmouth le 8, part le 19 avril, est à Sainte-Hélène le 21 août, et là, il apprend qu’il est traduit devant le conseil de guerre « pour s’être entretenu avec le général Buonaparte et les personnes de sa suite de sujets étrangers à la médecine ; pour avoir reçu de personnes de la suite du général, des communications écrites et verbales sans avoir consulté d’abord le commandant en chef ; pour avoir remis au général un papier qu’il a