rester dans cette ville et ne put la quitter qu’après l’abdication. Il n’était donc pas avec l’Empereur dans le dernier séjour à Fontainebleau ; mais par son ami le valet de chambre Hubert, il a connu sa tentative de suicide.]
Pendant la campagne de Russie et depuis, dans la campagne de 1813 en Allemagne et celle de France en 1814, l’Empereur portait, suspendu à son cou par une petite ganse, un petit sachet de soie noire, dans lequel était une chose qui, au toucher, était du volume et de la forme d’une gousse d’ail. Pendant les différents séjours qu’il fit à Paris, après son retour de la campagne de Russie, le sachet était serré dans son nécessaire. On croyait que c’était quelque amulette ou quelque talisman dans lequel l’Empereur avait créance ou foi comme préservatif de l’atteinte des balles ou des boulets ; mais en effet ce n’était que du poison, dont il avait l’intention de se servir s’il venait à être fait prisonnier par un parti de cosaques, et afin d’échapper à ses ennemis en ne laissant dans leurs mains qu’un cadavre.
A Fontainebleau, se voyant abandonné, non de ses braves soldats, mais de la plupart de ses officiers généraux et de beaucoup d’autres, l’Empereur tenta de mettre fin à son existence. Ceux à qui, dans le temps de sa puissance, il avait distribué richesses, honneur, dignités et sur la fidélité desquels il avait droit de compter, ceux-là à peu près étaient disparus et s’étaient dirigés sur Paris pour aller saluer le pouvoir nouveau qui venait d’arriver à la suite des bagages des ennemis de la France. Deux de ses serviteurs. Constant et Roustan, à qui il avait donné toute sa confiance et dont il avait fait la fortune crurent eux aussi faire un acte méritoire en imitant les grands qui avaient déserté sa cause. Les uns et les autres, dans cette circonstance, montrèrent à la France et à l’Europe tout ce que l’ingratitude a de plus bas, de plus vil et de plus méprisable.
Dans le silence de la nuit, passant en revue tous les événements qui venaient de s’accomplir et réfléchissant sur le sort réservé à la France et sur le sort de ceux qui lui restaient fidèles ainsi que sur le sien propre, l’Empereur n’eut plus qu’une pensée, celle de terminer une vie qui ôterait tout prétexte à la vengeance de l’ennemi étranger et aux rigueurs que