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ce projet, et lui demandant de m’autoriser à l’exécuter.

« 13 juillet. — Reçu lettre de M. Huvelin, autorisant.

« 22 juillet. — Lettre du commandant Laperrine autorisant.

« 1er août. — Lettre de Mgr Guérin demandant temps pour réfléchir. »

Frère Charles, ermite et missionnaire à la disposition de la Providence, attend que la permission lui soit donnée d’entreprendre. Dans la réponse de ses supérieurs, il verra l’ordre divin. On peut reconnaître en lui, si je ne me trompe, un homme fort avant pénétré de cette doctrine du Père de Caussade, qui écrivait, au XVIIe siècle, dans une œuvre célèbre : « Le moment présent est toujours comme un ambassadeur, qui déclare l’ordre de Dieu. Toute notre science consiste à connaître cet ordre du moment présent. » Assurément, l’imagination ardente d’un Charles de Foucauld rêve, demande, prépare de grands desseins ; mais, attentif à chaque plainte, et aussi à chaque nouvelle par où s’exprime le monde où il vit, il est toujours prêt à répondre et à se considérer comme en service commandé. L’été de 1903 lui offre, soudainement, l’occasion de porter les secours de la religion à des Français en péril de mort. Il est le seul prêtre dans ces régions immenses ; nos postes n’ont pas d’aumônier ; les âmes ont été négligées, bien qu’on attende d’elles la plus haute vertu d’obéissance et de sacrifice. Il n’a pas un instant d’hésitation ; il part ; il remplit un des grands offices pour lesquels il s’est avancé dans le Sahara. Voici les faits.

Les attaques de convois ou de postes se multipliaient ; l’agitation pouvait, d’un moment à l’autre, tourner à la révolte. Les tribus soumises le sont nouvellement. Un grave échec les détacherait de nous. Les forces militaires françaises, disséminées en petits paquets sur de si vastes espaces, ne vont-elles pas, ici ou là, être surprises, enveloppées, contraintes de se rendre : occasion attendue, signal qui mettrait debout, pour nous jeter dehors, tous les cavaliers et tous les piétons du Sahara ?

Le 16 juillet, un rezzou de 200 Berâbers, montés sur des méharis, attaquait, à trois heures du matin, un détachement de 50 tirailleurs algériens de la compagnie d’Adrar, qui perdait 22 hommes, et, commandé par un sous-officier, battait en retraite, sans cesser de se défendre. La riposte fut prompte. Neuf jours après, le capitaine Regnault, chef du bureau arabe