de payer ce qu’il coûte, il coûterait bien plus cher encore le jour où l’article « recettes sur les familles » disparaîtrait de son budget. Ce sont mesures sur lesquelles on ne peut pas revenir, une fois prises. On l’a vu pour l’enseignement primaire, même supérieur. Il faut donc hésiter avant d’engager des dépenses qui ne feraient qu’aller croissant. Car les lycées se mettraient peut-être à avoir trop de succès.
Puis la gratuité n’apporterait qu’une partie de la solution. Il resterait un triage des élèves à faire. Personne ne demande en effet que tout enfant sortant de l’école primaire entre de droit au lycée. S’en rapporter à la discrétion des parents serait imprudent, et le crible du C. E. P. qu’on propose en laisserait passer encore un nombre excessif. L’enseignement secondaire perd son caractère, s’il cesse d’être un enseignement à clientèle limitée. Mais on ne veut plus que seule la fortune crée la limite et détermine cette clientèle.
Pour résoudre ce problème peu aisé, un projet de loi a été déposé par MM. Rameil et Laval. Sous le nom de projet Rameil-Laval, il est l’objet des discussions ardentes de toute la presse pédagogique. En voici les principales lignes :
A la fin de l’année scolaire où il a accompli sa douzième année, tout élève, garçon ou fille, d’un établissement d’instruction, public ou privé, est tenu de passer un examen d’accession au second degré de l’enseignement....
La liste des élèves soumis à cet examen devra chaque année être dressée d’office par le maire de la commune, comme la liste du conseil de révision...
A noter, comme élément de cet examen,
des épreuves de psychologie expérimentale, ayant pour but l’appréciation aussi exacte que possible des aptitudes...
Tout élève reçu à cet examen recevra le titre d’élève de mérite...
Entre ces élèves de mérite, une première classification sera faite suivant la fortune de la famille, et les distinguera entre élèves de mérite payants, et élèves de mérite boursiers.
Les élèves de mérite boursiers n’entrent pas nécessairement au lycée, mais, selon les aptitudes, les vœux des familles, et aussi « les besoins sociaux du moment, » peuvent être affectés à l’enseignement primaire supérieur ou à l’enseignement technique.