que l’une des cassettes où était l’argent s’est rompue, il y a eu mille pistoles de perdues. Si le Roi ne m’en donne pas davantage, cette affaire-ci échouera sans difficulté. Mais il n’est pas encore temps d’en parler. »
Le prince de Conti voyait l’avenir très sombre, dans cette rade lointaine, en face d’une ville qui se réjouissait en l’honneur de son rival. Le 29 septembre, soixante pièces de canon proclamèrent à grand fracas que Dantzick reconnaissait l’électeur de Saxe comme roi de Pologne, et le prenait pour protecteur. Affaiblis par la distance, le son des trompettes, des cymbales et des tambours, les échos d’une joyeuse musique militaire parvenaient jusqu’aux oreilles des marins de l’escadre, semblaient insulter le prétendant français. Polignac, enfin arrivé de Varsovie le 1er octobre, le trouva sur son vaisseau, « assez chagrin » de ce que tous les Polonais accourus pour le saluer « lui demandaient de l’argent et qu’ils paraissaient mécontents, quand il ne leur en donnait point. » Conti espérait que sa « sincérité » gagnerait autant que les fausses promesses du diplomate, et désirait traiter sur de nouvelles bases avec les seigneurs qu’il avait convoqués.
Le 7 octobre, près d’Oliva, faubourg de Dantzick, dans une maison du grand chambellan Bielenski, il tient conseil avec Zaluski, évêque de Plock, le maître des cérémonies de la couronne, le staroste Olstienski et le comte Towienski. Après le conseil, l’évêque lui offre « un très mauvais dîner, » et l’on peut voir le nouveau roi de Pologne « s’enivrant, suivant sa propre expression, à la santé de la liberté, » tandis que son capitaine des gardes, Marège, qui est malade et refuse de boire, finit par s’exécuter devant la clameur furieuse de l’assistance hurlant en latin : Bibat et moriatur ! « Qu’il boive et qu’il meure !)
Si François-Louis descend dans son royaume pendant le jour, il passe toutes les nuits sur son navire. L’évêque de Plock et le maître des cérémonies le voudraient définitivement installé dans la ville de Marienbourg ; mais il aime mieux mécontenter les Polonais par un refus que d’être à leur merci.
Cependant, il consent à payer l’armée de Lithuanie. Il offre de mettre en dépôt neuf cent vingt mille florins polonais entre les mains des « seigneurs conseillers » pour les deux premiers quartiers, et promet de payer les deux suivants plus tard ; mais il a posé une condition. Il ne délivrera cet argent, que quand les