Entrons à la quatrième audience, celle où la magie de l’orateur ressuscite l’infortuné défunt pour la plus grande joie du public. Il le présente en d’étranges postures.
A Saumur, lors du voyage qui précède de si peu la signature du testament invoqué par Mme de Nemours, l’abbé d’Orléans monte à la chambre qu’il a louée dans l’hôtellerie en récitant Kyrie eleison, Kyrie eleison. Qu’on imagine la stupeur des pèlerins en prière à Notre-Dame des Ardilliers devant ses courses vertigineuses à travers l’église, ses génuflexions, ses rapides signes de croix, les amples bénédictions qu’il donne à la statue de la Sainte Vierge « avec une extension de bras extraordinaire. »
A Saint-Samson-les-Angers, il prononce en l’honneur du curé qui vient de mourir, et qu’il ne connaît pas, une oraison funèbre extravagante.
Et partout il est dévoré d’une passion de confesser tout le monde à tout propos. Le fou a surpris une permission. Il assure « qu’il se moque du recteur, des évêques, des archevêques, qu’il est de sang royal et qu’il a droit de confesser. »
A Nantes, dès quatre heures après minuit, une lanterne à la main, il éveille les garçons d’écurie et les garçons tailleurs pour les obliger à se confesser. Il achète la bonne volonté des prisonniers et les confesse tous les jours. Dans la cour de son hôtellerie, nullement gêné par les servantes qui le regardent, il écoute, assis au bas d’une échelle, la confession d’un ramoneur qu’il a racolé.
Observons-le maintenant chez les Carmes d’Orléans. Après « une messe fort précipitée, » il rentre dans la chapelle faire son action de grâces, jette contre la crédence un carreau qu’on lui présente, renverse un cierge et le brise. Un religieux vient d’ouvrir le tabernacle et s’apprête à descendre les marches de l’autel pour donner la communion. Il voit l’abbé d’Orléans sauter par-dessus le balustre du chœur, poursuivi par ses domestiques, qui, dans leur hâte d’arrêter leur maître, sautent comme lui.
Et ce scandale n’est pas un des pires. On doit se féliciter, lorsque l’abbé d’Orléans ne demande pas, — cela lui est arrivé devant Mme de Longueville, sa mère, — un pot de chambre après le Credo, ou lorsqu’il n’ajoute pas à l’Ite, Missa est, cette antienne inattendue : « Qu’on mette un morceau de salé sur le gril pour déjeuner. »
Dans la rue, l’abbé d’Orléans n’est pas moins extraordinaire